The Soft bulletin est le huitième album des Flaming Lips (sans compter l’étrange Zaireeka -4 CD à écouter en même temps- et la compilation 1984-1990), et certainement celui qui leur apportera un succès mainstream mérité (il est bien parti pour être album de l’année dans les gazettes). Produit comme d’habitude par Dave Fridmann, mais de façon assez accessible, le disque est à placer aux côtés du dernier Mercury Rev (dont ils sont proches), en moins putassier. Pour les fans de toujours, les Flaming Lips n’ont pas changé depuis 1983 (!) : de grandes chansons psychédéliques, dérangées et souvent mélancoliques, cette fois agrémentées d’un son puissant et d’arrangements très riches (theremin, cordes, boites à rythmes, écho, cuivres, etc.).
Le disque, sorte de concept album qui raconte l’histoire de deux scientifiques qui sauvent le monde, contient au moins plusieurs tubes dont le génial Race for the prize, avec sa batterie sale (trademark Flaming Lips), son refrain My Bloody Valentine, ses couplets Bacharach : quelle merveille ! De manière générale, les chansons des Flaming Lips sont reconnaissables entre mille : par la voix de Wayne Coyne, par les guitares, la structure des chansons, à la fois classique et étrange.

Que dire ? A chaque seconde du disque, on pense au génie de Brian Wilson. De telles chansons, aussi bien produites, aussi subtiles, sont rares. Entre les délicatesses de A Spoonful weighs a ton et les grandes eaux de The Gash, tout est possible dans le monde bariolé des lèvres de feu. Pensez à Love, à Dylan, au Thirteenth Floor Elevator. Les Flaming Lips sont un des meilleurs groupes psychédéliques actuels, un des seuls à faire ce type de musique, avec autant de talent, depuis aussi longtemps. Prix du meilleur nom de groupe, prix de la meilleure fausse musique de film, prix de la meilleure production, etc. Et si ce disque peut vous donner envie d’écouter les anciens disques du groupe (plus rudes, sauf peut-être Clouds taste metallic et Transmissions from the satellite heart), de découvrir un monde étrange et merveilleux, glaçant et dérangé, de faire des rêves troubles et multicolores, alors tout sera enfin presque parfait.