Naïf et jovial, le titre du premier morceau de ce second album, Tout le monde danse, reflète en définitive assez justement notre état d’esprit à son écoute : il y a en effet de quoi danser de joie à l’idée que la relève est là, la besace chargée d’idées et d’audaces, facétieuse et virtuose, menée notamment, saxophone battant, par ce Sylvain Beuf à l’itinéraire déjà riche et promis, incontestablement, à des lendemains qui soufflent. On l’a entendu ces derniers mois auprès du jeune vibraphoniste David Patrois, du batteur André Ceccarelli et du groupe suisse Inside Out ; après trois années d’absence en tant que leader, cette formation avec Jean-Pierre Arnaud (d) et Christophe Wallemme (b), auxquels se sont joints Manuel Rocheman (p) et le bondissant François Verly (perc), donne à entendre une musique toute neuve (pas une reprise), originale et festive. Tout le monde y danse, donc, y compris les conventions (bousculées), les lignes mélodiques (splendides), les thèmes (souvent inspirés), les doigts habiles du percussionniste (cloches, triangles, woodblocks, peaux et autres, qui donnent à la palette des timbres une richesse inédite) et le reste ; bref, ça bouge.

Le pianiste Manuel Rocheman, souverain, traverse le disque avec une maestria qui confirme le bien qu’on pensait de lui ; Sylvain Beuf, formidable au soprano, fait un improvisateur de grand talent (il attribue, dans un entretien récent avec Pascal Anquetil, une partie de son élan au fait d’avoir changé de saxophone, passant d’un Selmer domestiqué à un Keilwerth à découvrir -une marque allemande, utilisée notamment par Dave Liebman… le talent et l’instrument, tout semble donc favorable). A la vérité, les cinq musiciens, emportés dans le tourbillon d’un enthousiasme dangereusement contagieux, colportent ensemble ce réjouissant manifeste de la vivacité du jazz hexagonal.

1) Tout le monde danse – 2) Antipodes – 3) Nocturnes – 4) La danse des inter-nôtes – 5) Tango – 6) Act III – 7) Solo – 8) Thomas dream – 9) Urban mood – 10) Spleen valse – 11) Irish walk (toutes les compositions sont de Sylvain Beuf)

Sylvain Beuf (sax), Manuel Rocheman (p), Christophe Wallemme (b), Jean-Pierre Arnaud (d), François Verly (perc)
Enregistré en juin 1998 au studio Recall (France)