La pop psychédélique des sixties finissantes n’a pas fini de susciter des vocations. Ce premier mini-album d’un groupe dont je ne sais rien (ça ne m’étonnerait guère qu’il s’agisse d’un type tout seul) est le énième rejeton de ce vieux mariage qui unit mélodies canoniques et expérimentation sonore. La palette de timbres est large, qui s’étend de l’arsenal analogico-numérique contemporain jusqu’aux orgues et au banjo. Les mélodies perpétuent cette consonante tradition racinée à Paul McCartney et Brian Wilson, chœurs à la tierce au deuxième couplet. Sans originalité, mais avec ce brio mélodique qui charme inévitablement.

Plus que la qualité des chansons, c’est la production du disque qui nous bluffe. Après une parfaite introduction en trompe-l’eustache lofi (petite pompe de Mélodica, un tambourin sur le genou, la rocking chair qui grince), BADABANG : un roulement Ringo et c’est parti pour le CinémaScope. Tout sonne du feu de Dieu : trémolos d’orgues humides, batteries échantillonnées, voix phasées, frises impassibles du LFO, crachats filtrés de bruit blanc, aimables glissandos d’hawaïennes guitares. Plus loin, le disque est envahi de merveilleux sons de synthétiseur comme autant d’animaux insolites et émouvants. Ce savant mélange n’est pas sans évoquer le premier album de White Noise, (An Electric storm, Island, 1969) où déjà les oscillateurs analogiques et le raffinement mélodique de la pop d’alors s’épousaient en justes noces. Le sixième morceau, opportunément dénué de titre, clôture le disque avec panache. Il s’agit d’un collage mi-Smile mi-Number nine : foutoir correct de boîtes à musique, phones mobiles, imprimantes, roues de vélo, petites sections mélodiques en puzzle à partir de 7 ans.

Tant de savoir-faire à des fins si nobles, voilà qui réjouit. La technologie des années 2000 au service de la musique de drogués des années 60. Il semblerait que la joint venture porte enfin ses fruits. Et Air ou Mellow peuvent commencer à se sentir doublés sur leur propre terrain.
On attend donc la prochaine livraison de Simian en espérant soit une radicalisation du kaléidoscope, soit des chansons un peu plus personnelles.