Monkey boy est le second album de Shawn Lee, métis originaire du Kansas, ayant fuit le racisme amérikkkain du Midwest pour l’Angleterre. Son véritable premier album, enregistré en 1995, n’est jamais sorti suite à un sombre différent avec la major qui l’avait signé à l’époque. Pour effacer ce traumatisme et rattraper le temps perdu, We Love You, le nouveau label de Wall Of Sound, lui a laissé une totale liberté. Shawn Lee déploie dans ce disque autoproduit des talents de compositeur, chanteur et multi-instrumentiste attachants, mais Monkey boy souffre peut-être de cette volonté de trop bien faire. Il s’y côtoie le meilleur comme le plus anodin.

En écoutant Happiness, superbe bossa nova soul et tube potentiel, vous pensiez que Stevie Wonder avait retrouvé la grâce de Songs from the key of life ? Rassurez-vous, le maître de la soul n’a pas puisé dans le registre facile de la nostalgie. Evidemment, si un tel exercice peut paraître vain pour Stevie Wonder, il impressionne lorsqu’il émane d’un parfait inconnu comme Shawn Lee. Les envolées brûlantes de Happiness apportent la preuve irréfutable de la virtuosité de son auteur, même si certains emprunts mélodiques à Ennio Morricone (Le Foto proibite di una signora per bene) ne semblent pas fortuits. De même, How strong is your soul possède une charge émotionnelle aussi forte que les magnifiques ballades soul-folk de Terry Callier, notamment par l’utilisation de toutes les ressources spatiales de la musique acoustique.

Malgré ces comparaisons flatteuses, le reste de Monkey boy est moins surprenant. Les morceaux electro-folk (Kill somebody) ou les blues (Harmony in falsetto ou I can’t save you) sont certes très agréables, mais on a déjà vu mieux ailleurs, notamment chez Beck et Ben Harper. Finalement, l’appréciation de cet album dépendra de l’estime que vous portez à Lenny Kravitz, puisque plusieurs titres (A & R man of love, Hanging by a thread, Don’t trust men) rappellent ses productions 70’s ampoulées. Reste à voir dans quelle direction Shawn Lee va s’engager.