Un album dédié à son père, ainsi qu’à quelques autres proches disparus. Un album bâti sur le son du terroir mais qui navigue dans une ambiance rock relativement déstabilisante pour les habitués du son mandingue. Enregistré entre Bamako, Paris et New York, co-produit par Vernon Reid, guitariste des légendaires Living Colour, ce nouvel opus annonce une ère de mutations.

L’artiste cherche désormais à fédérer les différents publics qui l’ont porté jusqu’alors. Entre la tradition revisitée et la tendance rock appuyée, les compositions entraînent sa voix, toujours aussi sublime qu’à ses débuts, voire plus mature, à la recherche d’une autre couleur sonore qui n’a pas encore dit son nom. Serait-ce le son Keïta du troisième millénaire ? Ou bien est-ce la nouvelle world africaine en gestation ? Salif, qui a monté son propre studio au Mali, revendique en tout cas la maturité et le droit de ne pas user des mêmes recettes auxquelles il nous a habitués depuis la sortie de Soro, son premier album solo, il y a douze ans. Papa, album légèrement déroutant, est à réécouter plusieurs fois. Au passage, on notera pourtant quelques tubes en perspective, dont Bolon.