Dans l’Ouest du pays, les chasseurs Comanche avaient pour habitude de manger le cœur encore chaud de l’animal qu’ils venaient d’abattre, ainsi espéraient-ils en absorber tout le courage et l’énergie vitale. Ils pratiquaient également l’art du tatouage. Henry Rollins aurait-il quelques gouttes de sang indien ? Chez lui, le rock se consomme saignant, toujours brûlant et ses tatouages sont fameux. Entre l’enregistrement de spoken words rageurs, l’édition de livres aux titres évocateurs : Human shrapnel de Bill Shields, Fuck you heroes de Glen Friedman, et une visite chez Hubert Cubby Selby, il a repris le sentier de la guerre accompagné de Mother Superior, un trio de L.A. qui cogne sec sans plomber les morceaux. Le moins qu’on puisse dire c’est que Rollins n’a rien perdu de sa hargne. Il est toujours de mauvais poil et tient à le faire savoir !

Premier direct au foie : Illumination, poème sombre lardé de guitares menaçantes. (Pour la voix, on est plus proche du rugissement que du chant.) Comme un taulard soulève des kilos de fonte tous les jours, le napalm boy écrit et hurle pour évacuer la médiocrité ambiante. Get some go again : uppercut au menton, le solo taille dans le vif ! Rollins a des fourmis dans les mollets, Love’s so heavy groove sur une basse caterpillar. Le courant passe, il a trouvé le gang idéal pour décapiter les premiers rangs lors de sa prochaine tournée. La rencontre fait des étincelles…

Scott Gorham est venu participer à la fête en plaquant quelques accords killers sur une reprise vitaminée du Are you ready ? de Thin Lizzy et « Brother » Wayne Kramer (MC5) allume la mèche pour Hotter and hotter. Album juteux à souhait avec un Rollins remonté à bloc, incisif, moins cafardeux. Mais attention, l’animal est toujours « live and dangerous » !