Impossible d’avoir déjà oublié Rahzel, « The Godfather of Noize », l’homme qui, au sein des Roots, parlait aux platines, défiait les DJs et pétait au cul des samplers et des beatboxes les plus perfectionnés avec pour seule arme sa bouche. Oui, « Human Beatbox », ainsi qu’on le surnomme également, trace désormais sa route, avec un premier album solo -enfin sous son nom-, Make the music 2000.

Cette prophétie ne s’accomplit peut-être pas à l’écoute de cet opus, car malgré toutes les qualités qu’on peut lui reconnaître, ce n’est quand même pas le disque ultime pour effectuer la balance en regardant son ordinateur planter. Cependant, Rahzel M. Brown a su s’entourer pour faire en sorte que la chose ne vire pas seulement à un exercice de style, si scotchant soit-il.
On retrouve quelques grands noms de ci de là : Brandford Marsalis sur Steal my soul, Pete Rock à la prod’ sur All I know, sans conteste l’un des meilleurs titres, bien campé sur un beat apparemment anodin mais imparable, une boucle sautillante… et bien sûr des scratches made in Rahzel. A ce titre, il est intéressant de noter, finalement, la similitude des trajectoires entre les Roots et Rahzel, les premiers injectant de l’humanité dans les structures hip hop grâce à l’emploi de vrais instruments -batterie, basse et tutti quanti-, le second se servant de l’humain -sa bouche, lui-même- pour contrer le côté clinique des machines. Parfois même, Rahzel tient le haut du pavé, notamment sur la foultitude d’interludes captés live qui ponctuent Make the music 2000 (écoutez Carbon copy, Just the beginning ou For the ladies), ou sur certains morceaux (Night riders).

On reprochera sans doute à cet album son côté systématique : en fin de compte, on est de moins en moins surpris au fil des écoutes successives par les interventions du « Godfather of Noize », mais putain, ce gars assure grave, et n’a pas peur d’y aller, sans minauder en route. Ajoutez au cocktail quelques voix féminines parmi les plus intéressantes du moment (Me’Shell Ndegéocelo ou Erikah Badu, cette dernière déjà entendue sur le dernier album des Roots), et vous obtiendrez un premier essai ma foi fort digeste, en tout cas plus agréable que la plupart des grossièretés rap surproduites qu’on veut nous faire avaler depuis quelques temps déjà.