A ses débuts, c’est grâce au label californien de hip-hop Solesides que Mo’ Wax put sortir des artistes tels que Blackalicious, Latyrx et bien sûr DJ Shadow. Aujourd’hui, Solesides renaît sous le nom de Quannum, collectif comprenant tous les rappers sus-cités, plus une floppée d’invités tels que El-P (Company Flow), Jurassic 5 ou The Automator. Le collectif tout entier attaque le disque en se passant le micro sur le sombre Concentration et, plein de confiance, emporte la nôtre. Peu après, il « affronte » les Souls Of Mischief (bientôt les collectifs de rap auront des noms aussi drôles que ceux des groupes de death metal) dans un match amical et s’en sortent ex-aequo. Par contre, il termine l’album avec un Bomboyall assez démonstratif. D’ailleurs, les rares intermèdes parlés sont voués à des constatations sur l’évolution du hip-hop et sont prétexte à une frime légère et insouciante. Ok, ils sont parmi les meilleurs et ils le savent.

Déception pour les fans : Shadow n’apparaît que peu, notamment sur Divine intervention, morceau qui sonne comme du Ministry ou même l’album dub de Terminal Cheesecake. Ailleurs, Blackalicious fait dans le groove solide et efficace (One of a kind, Jada’s revenge) avec des caisses claires dures comme une volée de bois vert. Lyrics Born (moitié de Latyrx avec Lateef) rappe avec une conviction rare et une voix très rauque qui rappelle presque Tom Waits (Storm warning). Sur I changed my mind, il chante carrément sur un morceau qu’on jurerait échappé de chez Money Mark et s’amuse beaucoup sur le funk old school de Hott people (avec synthé DX-7 à gogo et slaps de basse à la clé) ! Sinon, Maroons et Erin Anova trainent du côté du jazz (Golden rule) et Jojo Velarde fait des œillades à de la soul pur jus (People like me).

Dans le livret très fourni, un hommage plutôt sobre et bien écrit à la culture hip-hop : en plus de leur talent, ces gens sont sincères. Seul souci, un léger manque de cohérence. Au-delà de la qualité de ce sampler des talents de Quannum, on espère pouvoir écouter des albums entiers, notamment de Latyrx et de DJ Shadow, dont l’ombre (évidemment) plane sur tout le disque. Il faut dire qu’il risquerait de faire de l’ombre aux autres… Trêve de jeux de mots débiles : Quannum, du rap qui entend rester digne et frais, un manifeste élégant, à défaut d’être vraiment percutant.