Nouvel album du producteur de hip hop le plus intéressant de ces derniers temps, après le formidable Psychoanalysis sorti en 1998. Pour ce prince au milieu de ses voleurs, la recette est la même à ceci près que le format est celui de la narration d’un film. En effet, les 35 titres du disque racontent une histoire dans la plus pure de tradition des films de blaxploitation (drogues, putes, flingues, etc.), avec une kyrielle de guest stars : Big Daddy Kane dans le rôle du mac, Kool Keith dans celui d’un vendeur d’armes un peu dingue… Beaucoup de clichés donc, mais au sein des multiples intermèdes parlés, quelques morceaux terrifiques : ceux de Kool Keith, évidemment, toujours au-dessus du lot (Weapon world), celui de De La Soul, bizarre et marrant (More than U know), celui de Horror City (War party), assez dramatique. Newkirk étonne avec son Mood for love, tout de soul jazzy, Everlast attaque fort avec The men in blue et son sample de grosse guitare, efficace en diable et enfin Xibit, Sadat X et Kid Creole font dans le sample sicilien (il y a toujours un parrain dans ce genre de films)…
Tout au long du disque, la présence de Prince Paul, décidément producteur hip hop hors norme doté d’un solide sens de la dérision, se fait sentir : qui d’autre que lui oserait sortir une sorte de comédie musicale hip hop pour gangsters ponctuée de samples récurrents assez débiles d’animaux (le coq, la chèvre) ? En bref, un disque amusant et efficace qui sait se moquer de lui-même et de ses propres clichés : c’est suffisamment rare dans le hip hop pour être souligné.