De Perio, on se souvenait du son des guitares, d’une richesse étourdissante pour le premier album, très personnel, d’un jeune groupe bicéphale franco (lui, Eric Deleporte) -américain (elle, Sarah Froning). Il suffit de les avoir vus sur scène, ce qui laissait augurer d’une envolée digne des (au hasard) Smashing Pumkins. Et bien… c’est pas encore ça. Car il nous l’ont fait. Le coup du deuxième album qui tutoie d’un peu trop près les références musicales. Elles sont certes affichées, revendiquées, assumées et totalement maîtrisées, mais elles jouent bien trop le jeu du « à la manière de » qui, en musique, peut passer à condition d’une personnalité au-dessus de tout soupçon. Perio n’en est pas encore là, et nous avons droit ici à un festival de copiage qui fait ressembler ce deuxième album à une compilation d’inédits. L’exercice de style est en revanche très réussi. Sur certains morceaux, on se prend au jeu de se demander sur quel album de Neil Young No western land fits your passion se trouve ou sur quel single issu de la période University des Throwing Muses Dirt supreme est paru ? Pour cela, fallait-il vraiment ne pas rester à deux mais étoffer le groupe d’un batteur et d’un bassiste ?
Mais tant qu’on y est, pourquoi ne pas aller encore plus loin ? Vers la comédie new yorkaise des années trente ? Billboard 2 est dans cette veine, par son côté Hans Heisler/Kurt Weill (les deux compositeurs de Bertold Brecht déjà repris par les Doors, Bowie ou la grande Marianne Faithfull), mais c’est également la plus belle réussite de Medium crash avec Golden burrito, superbe pastiche au second voire troisième degré de Syd Barret repris par Pavement/Lou Barlow ou Beck.
On attendra donc encore un album afin de pouvoir parier sur l’avenir de Perio. Il ne leur reste en fait qu’à s’éloigner de leurs influences un tantinet marquantes et remarquables pour laisser poindre une personnalité qui paraissait attachante sur leur premier opus d’il y a quatre ans.