L’Orchestre national de Barbès entame sa deuxième période avec cet album toujours hanté par l’esprit de la fusion alternative. Raï trab., chaâbi, funk, jazz, reggae… Deux éléments leur sont essentiels pour faire mousser la recette. Le dosage délicat entre les sons du Maghreb et ceux du reste du monde. C’est leur secret, nous ne goûtons qu’au mixage final. Ensuite, il y a leur discours qui refuse les étiquettes.

On peut les retrouver dans les bacs world music, en traditionnel revisité, en fusion futuriste, en rock décalcifié… Ils en rigolent. Pourquoi s’étrangler alors que leur son est absolument passe-partout. L’Orient reconnaît en eux le prolongement d’une histoire fantastique qui a dû transiter par l’Andalousie, l’Afrique se laisse happer par une ambiance maghrébine qui assume pleinement ses racines noires, l’Amérique risque d’être transportée par l’espéranto musical qu’ils représentent, etc.

Leur savoir-faire, ou devrions-nous dire simplement leur talent, cause à tout un chacun. Nul doute que la rêve va continuer. Reste à savoir jusqu’où la légende peut aller. Celle qui raconte en français dans le texte l’histoire d’une bande de garnements qui ne se prennent pas au sérieux (sauf quand ils travaillent ?), qui se sont rencontrés à la Goutte d’Or, alias Barbès la mal-aimée (leur mythe fondateur), et qui tiennent plus que tout à leur indépendance (bien que signés par la major Virgin).