Après l’énorme succès du single Flat beat pour la pub Levi’s (vous ne pouvez pas ne pas connaître cette bestiole jaune, Flat Eric, qui vend des Sta-prest à tour de beat), on pouvait s’attendre de la part de Mr l’Oiseau, alias Quentin Dupieux (aussi réalisateur des clips), à une collection de tubes house simplistes tous identiques. Il n’en est rien : Analog worms attack est un album d’electro expérimentale, cheap, presque lo-fi absolument jouissif et très réussi. Rassurons tout de suite les fans : Flat beat est coincé tout à la fin du disque, après quatorze morceaux dérangés à côté desquels il fait figure de superproduction…

Le disque commence par un faux départ, le bien nommé Bad start, qui, avec sa rythmique hip hop qui déraille complètement, annonce clairement l’esprit du disque. Monophonic shit filtre tout : basse, synthé, etc. : minimal comme du Chain Reaction funky. No day massacre aurait pu paraître sur n’importe compil Headz de Mo’Wax. Lignes de basse énormes, rythmiques lourdes avec de l’écho, scratches fréquents, typo en tags : l’influence hip hop est au moins aussi importante chez Mr Oizo que l’influence techno. Les seuls titres qui rappellent Flat beat sont Last night a dj killed my dog (léger et house, presque mélancolique) et Flat 55, qui le reprend plus ou moins. Ailleurs, de nombreux titres font plus penser à Add N to X qu’à une quelconque french touch ! The Salad, Analog worms attack ou Miaaaw, bourrés de distorsion, tordus, menaçants, énergiques, en sont de bons exemples. Même Bobby can’t dance, qui s’avère être une boucle funky en diable, commence par un bruit déchirant. Inside the kidney machine gagne à être écouté très fort : une boîte à rythmes monomaniaque et un bourdonnement gras. C’est tout. Conceptuel, provocateur, Mr Oizo ? Blagueur plutôt. Et si ça groove en plus, tant mieux… Le disque se termine avec les huit minutes de Analog worms sequel (dont quatre de silence !), sales, bizarres, moites.

En bref, ce premier album de Mr Oizo, anti-commercial au possible, est une suite de morceaux pas forcément très complexes ni aboutis, mais dotés d’un son unique, et pleins d’une force et d’une brutalité qui n’appartiennent qu’aux voix singulières. Un album surprenant qui aurait pu sortir sur Worm Interface…