« Au sixième mois de l’an quatre vint dix et neuf du mil
De part delà le Grand Océan viendra
Le Ministre de force féroce forcément
Celui qui Feu répandra et tympans bousillera »

Que la Vérité éclate enfin ! Les exégètes nous ont menti, nous ont trahis ! Car enfin, il existe bel et bien, ce quatrain de Nostradamus qui annonce la venue d’Al Jourgensen et de ses séides… Planquez-vous mécréants… Le nouveau Ministry est là ! Le groupe de Chicago sort un album surprenant qui déroutera sans doute les fans hardcore, même s’il refuse toujours de jouer en dessous du seuil conventionnel d’audibilité !… (les amateurs de viole de gambe passeront donc sagement leur chemin, sous peine de lésions cérébrales irréversibles).
Rappelons qu’Al Jourgensen ne supporte pas la lumière du soleil (sans doute un cousin éloigné de Valek le Maître Vampire du film de Carpenter…), en conséquence de quoi il passe son temps dans un studio-crypte, accompagné du fidèle Paul Barker, à concocter l’une des musiques les plus corrosives de cette fin de siècle apathique.

La comparaison avec Valek n’est pas gratuite puisqu’une fois de plus, Jourgensen n’en fait qu’a sa tête et nourrit sa musique du sang de quelques victimes consentantes (free jazz ?… rock’n’roll vintage ?…). En bon alchimiste, il poursuit les innovations entreprises sur Filth pig et pousse l’expérience encore plus loin. Même si quelques titres-kalachnikov explosent toujours –Supermanic soul, Bad blood-, le son s’est affiné et Al Jourgensen n’a jamais aussi bien chanté –Whip and chain.
Les mixes électronique/instruments sont affûtés au maximum et sur les rythmes plus lents, la recherche des ambiances est impressionnante. Ministry est en perpétuelle déconstruction/réinvention. Transfusion réussie ! Electrochocs garantis ! Eureka pile/Nursing home : intro dantesque, et Paul Barker déroule une ligne de basse sismique. Arrangements somptueux, giclées de sax… Ministry comme on ne l’a jamais entendu. Deux sommets : Kaif/Vex et Siolence. Incantations païennes envoûtantes. Et 10/10, instrumental déjanté qui enfonce le clou.

Dark side of the spoon est un album de musiciens exigeants, refusant les contraintes et les recettes faciles. Dieu que la morsure est bonne. Un bon coup de trique sur le gros cul flasque des gardiens de la morale. Avant de conclure, j’aimerais lancer le concours de l’été : le premier qui trouve un meilleur titre et un visuel plus drôle que celui de cet album gagne son poids en gousses d’ail. Bonne chance…