Courte description du Merz : chansons pop habillées d’électronique, entre Björk et Baby Bird. Très bien. Pour les gens moins pressés, on jouera à cerner Merz (pseudo de l’anglais Conrad Lambert) par son voisinage, alors attention à l’avalanche de noms.
La première fois que l’on a entendu ce garçon, c’était avec une version de son morceau Many weathers apart ré-arrangée par Marius De Vries, il y a plus d’un an, sur la B.O. de The Avengers. Sur cette excellente bande-son, passée inaperçue à sa sortie à cause de la nullité du film, se croisent tous ceux qui vont nous servir à décrire ce premier album. De Vries, collaborateur de Björk, U2 ou Massive Attack, concevait et produisait ce disque, aussi lui doit-on sûrement la présence de Merz dessus. Sur les albums de l’Islandaise, il a été amené à travailler avec Markus Dravs, qui se trouve être le producteur du Merz. Dravs est un ancien assistant de Brian Eno, ayant notamment travaillé sur son album Nerve net et sur ses collaborations avec le groupe pop James (pour deux beaux albums que Merz rappelle parfois), avant d’œuvrer pour Björk. Björk faisait bien sûr partie des Sugarcubes, dont Annie Lennox reprend audacieusement le Mama sur la B.O. sus-citée, avec l’aide de De Vries. Qui emmène également Baby Bird, roitelet à forte voix de la pop anglaise dont Merz se rapproche souvent, dans un exercice jungle des plus jubilatoires. On ajoutera juste que l’album comprenait le premier inédit depuis des années des Stereo MCs, influence revendiquée par Merz, et un beau morceau de Ashtar Command avec Sinead O’Connor, qui comme Merz (adepte de la religion Bahai, pour une « solution spirituelle aux problèmes économiques ») vit sa spiritualité intensément, et vous devriez commencer à avoir une idée de la bête.

Même si la comparaison avec Björk est inévitable, pas mal d’autres groupes viennent à l’esprit au fil des dix morceaux de l’album, bien équilibré entre ballades délicates et envolées entraînantes. World Party, Prefab Sprout, Steely Dan, ou plus près de nous les New Radicals, Leila ou Luscious Jackson (entre autres), tout ce qui est bien produit, bien chanté et assez éclectique trouve sa place dans le sac à Merz. Un esprit malin nous souffle qu’avec sa pochette néo-cul-cul (un papillon rose qui traverse un paysage dessiné) et ses croyances idéalistes, Merz fait de la prog-pop façon mi-70’s, mais ça tombe bien car le baba Cat Stevens y a connu une riche et méconnue période musicale (l’album Izitso, pour les curieux), avant de partir regarder pousser sa barbe, lui aussi rattrapé par des visions divines.
L’essentiel au final, c’est que cet album s’incruste dans le cerveau, se fredonne et se danse, et s’écoute en boucle sans lassitude. La voix unique de Lambert y est pour beaucoup, le riche habillage de Dravs fait le reste, en tout cas on attend la suite avec impatience.