La star ivoirienne angoisse de voir les hommes s’entre-déchirer de plus en plus. Et dans la mesure où Dieu, seigneur tout puissant, n’a plus guère le temps de nous sauver de nos lubies collectives, il serait bon selon Meiway qu’il nous envoie ses extraterrestres à la place. Ce seront les nouveaux apôtres de l’espérance perdue. D’où ce titre phare sur un album qui sonne globalement comme une prière nécessaire aux hommes, avant le fameux saut du troisième millénaire. Inégalités effrayantes, corruption de ceux qui nous dirigent, intolérance déplacée… l’Afrique de Meiway ressemble singulièrement au monde qui l’entoure. Un monde où la bataille du gain écrase toutes les valeurs positives de communion avec l’Autre. Le discours du Sieur Meiway peut sentir le curé de loin pour certains, il n’en a pas moins raison. Son album se veut ainsi plus engagé sur le devenir du monde, comparé à certaines de ses anciennes productions. Pour sûr, il dénonce des travers dont nous nous passerions assez volontiers sur cette terre.

Musicalement, Meiway, inventeur du zoblazo*, met la barre à 600% cette fois-ci. Un son renforcé avec une batterie de collaborations artistiques en « extra », bien que revenant un peu plus aux sources (cf. un ancien titre à succès, On a gagné, qui tournait à environ 200% zoblazo et qui conviendrait plus à l’ambiance de ce nouveau tournant discographique). Des cordes cubaines y sont conviées, les mêmes que sur le dernier album de Cesaria Evora. Les cuivres sont assurées par les allumées du N.G La Banda, la flûte par José Luis Cortès lui-même, histoire de rallonger un peu plus la fibre cubaine. Manu Dibango ramène son saxo sur Extraterrestre. Jacob Desvarieux lâche sa guitare acoustique sur deux titres. Angelo, rappeur from Abidjan engage un toast bien senti sur Le Gbouniac. Le Zo Gang, formation habituelle de Meiway, paraît au mieux de sa forme. Dans l’ensemble, ça sent le bon deal pour une promo offensive qui risque peut-être de porter ses fruit… Initiée par l’artiste lui-même à ses débuts, la danse des mouchoirs en quête d’une paix possible ou virtuelle s’annonce profondément entraînante sur les pistes de danse. Reste à savoir jusqu’où la chance lui sourira. De l’Afrique de l’Ouest qu’il embrase, Meiway arrivera-t-il à séduire un public européen de plus en plus avide de nouveaux sons et qui correspond au marché le plus important en matière de musiques du monde? C’est une performance qui paraît moins évidente, malgré le talent. Ce qui serait bien dommage…

* Zoblazo: mélange de plusieurs traditions musicales issus de la Côte-d’Ivoire sur un tempo urbain