Cinquième album d’un genre nouveau de « supergroupe » comme on en faisait dans les sixties/seventies, The Days of our nights entrouvre de nouvelles portes à ces anciens de Galaxie 500 et Feelies. Commencée sous la couleur caractéristique new-yorkaise du Velvet Underground -« nous avons travaillé avec Sterling Morrison et je suis un grand fan du VU, nous a répondu Dean Wareham, mais je ne pense pas que nous sonnions comme eux ou comme aucun autre groupe d’ailleurs »-, puis élargie à (mais oui !) la chanson française -« nous avons effectivement enregistré des reprises de Michel Polnareff et de Serge Gainsbourg (rappelez-vous Bonnie and Clyde, le titre caché à la fin du troisième album Penthouse en 95). J’aime particulièrement Gainsbourg, Polnareff, Dutronc, Brigitte Fontaine, Francoise Hardy, Michel Legrand, George Delerue, Charles Aznavour. Mais pas Johnny Hallyday (sic) »-, leur carrière s’ouvre donc aujourd’hui à un (grand ?) groupe de hard défunt (?), Guns’n’Roses, avec une reprise de Sweet child o’mine (présente sur Appetite for destruction en 1987) : « La chanson fut enregistrée pour une face B mais des personnes sympathiques chez Elektra (leur maison de disques aux Etats-Unis qui les a virés depuis, ndlr) nous ont demandés de la mettre sur l’album. Je ne suis pas un fan de GNR mais si vous mettez un singe (ou un cochon) devant une machine à écrire, il est possible qu’il puisse pondre le Roi Lear, ce qui veut dire que Sweet child o’mine est une très jolie chanson, avec un bon riff de guitare, une chouette mélodie et des paroles sans prétention. »

Plus long que d’habitude (presque une heure), ce dernier album est aussi plus rock, plus brut (si l’on peut dire cela de Luna…). La production est un peu plus lourde (en particulier sur Dear diary qui ouvre l’album, Seven steps to Satan ou le très House of love Math wiz). Les superbes harmonies vocales sont heureusement toujours présentes et les sonorités velvetiennes un peu moins (quand même sur Hello, little one). Les lignes claires de guitare et la voix posée délicatement font encore le bonheur de nos oreilles (The old fashion way, The rustler) et une légère influence sud-américaine apporte quelques syncopes bien placées (Four thousand days et U.S. out of my pants !). Ce qui nous rend incompréhensible la décision d’Elektra de ne pas sortir le disque aux Etats-Unis.
« Elektra trouve que le disque n’est pas viable commercialement. Nous sommes actuellement à la recherche d’un nouveau label chez nous, mais ils devront racheter les bandes à Elektra. »
– Pensez-vous que tout est devenu plus difficile pour les groupes pop à guitares comme vous ?
« Cela semble effectivement plus difficile maintenant. Ce n’est pas le meilleur climat pour les rock bands. Les gros labels ne sont plus intéressés que par les hits radio immédiats. Mais franchement, je reste encore surpris par le temps que nous avons tenu chez Elektra. Et pour tout dire, c’est un soulagement de n’être plus sur ce label aujourd’hui. Ce n’était plus le même label que celui qui nous avait signé en 1992. »
Ce qui n’a rien retiré à la qualité musicale des lascars de Luna. A en juger par le cello rond comme rarement sur Superfreaky memories ou la lenteur totalement assumée de The Slow song, en allemand dans le texte. Serait-ce leur définition d’une bonne chanson ? « Il n’y a pas de règles ! » En tout état de cause, un des tubes de l’été prochain… outre-Rhin !