Les hommes poursuivent leurs destinées et rivalisent d’ingéniosité pour en être les maîtres. Rares sont ceux qui y arrivent. Encore faut-il qu’ils sachent s’inventer un monde, des couleurs et des sons. Cette histoire, issue de l’oralité d’une des îles de l’Océan Indien, collerait probablement comme un gant à l’équipée sauvage mais humaine du Lo’Jo Triban. Groupe à géométrie variable, sorti de la torpeur angevine il y a plus de dix ans, Lo’Jo l’inclassable fait partie de ces rares aventures, qui, par un audacieux mélange de virtuosité et d’écoute, atteignent l’émotion d’une terre imaginaire où les couleurs et les sons donnent raison à l’homme. Ils ont leur langage (un assortiment de différentes langues ou sonorités venues du monde entier) et leurs traditions (du classique Debussy au patrimoine tzigane, en passant par les polyphonies pygmées de l’Afrique noire). Leur son est résolument urbain mais tellement voyageur. Vers le futur et dans le passé à la fois. A la rencontre des peuples du monde entier. Sanza, guitare, accordéon… la liste serait longue. Mais la voix du grave Denis Péan veille à ce que les échanges, instrumentaux entre autres, poétiques surtout, se déroulent dans une harmonie libératrice.
Une leçon d’éclectisme. Un musée vivant de la musique du monde. Une manière de redécouvrir la magie des Fils de Zamal, « garçons fulgurants de la Mangarosa/lisant dans la fumée des maîtres de la vie ». Déroutant.