A l’affiche de la 3e édition du festival phocéen MétisSons, les K2R Riddim, une dizaine de lascars issus de la banlieue parisienne, ambitionnent depuis cinq années environ de raconter la totalité de l’histoire de la musique jamaïcaine par un tour de manège assez époustouflant. Cet album autoproduit incarne cette volonté rarissime à un moment où les groupes tendent à faire croire qu’ils révolutionnent entièrement le son. Des cuivres qui tuent, basse, batterie, guitare, percus, clavier et chant. Ainsi qu’une flûte traversière, un violoncelle et de la modestie pour déstabiliser l’oreille trop avertie. Du rocksteady au reggae, on navigue avec une pêche d’enfer, en n’oubliant pas de saluer au passage l’importance du ska et du ragga dancehall. Le voyage s’inscrit sur trente-cinq années de bonheur musical. Une fois écouté en intégralité, la continuité du rythme au royaume de Bob le magnifique, alias Marley le prophète, vous paraîtra désormais évidente. Les textes sont lourds de sens : on n’échappe pas à sa destinée. Le combat contre Babylone continue. Guerre, répression, racisme… Le discours est simple, clair, efficace, même s’il a un côté déjà-vu (Jah, Zion et autres slogans sur lesquels on pourrait s’interroger de nos jours).