Considéré par le NME comme « le meilleur album de folk soul néo-baléarique psychédélique jamais enregistré », comme une rencontre entre « Syd Barrett, The Chocolate Watch Band ou The Electric Prunes » par DJ Magazine, le disque idéal « pour quelqu’un qui aurait grandi aux sons du psychédélisme puis écouté de la dance » par Muzik Magazine ou la « rencontre entre Across the universe de Lennon et Moon safari de Air » par le Times (!), l’album d’électronique aux champignons du Français Juan Trip est plutôt passé inaperçu par ici. Pourtant, il recèle de nombreuses pépites qui en font un compositeur à l’originalité non feinte (le tout sur F Comm qui, après l’album de Mr Oizo, commence à s’ouvrir à de nouveaux styles).

Empressons-nous de dire que les descriptions citées ci-dessus sont justifiées (sauf celle du Times) : Balmy under the stormy est effectivement un album à mi-chemin du psychédélisme 60’s et de l’electronica d’aujourd’hui et la tentative est plutôt réussie. Alors on commence avec Movies, un instrumental tout aux synthés, pompiers comme pouvaient l’être autrefois messieurs Robert Wyatt ou Smith mais magnifiques, tout en nappes, parfait pour introduire l’auditeur au disque. Et ça attaque fort avec Electronic, hommage non dissimulé à la technologie, chanson pop remplie de bruitages, de guitares et couronnée d’un chant lointain et de chœurs from Brocéliande. Le pont au milieu ressemble à un mix entre Blur, Mercury Rev et Scott Walker récent. Terrible. Juste après évidemment, Blé est un peu ridicule : cette ballade à la guitare plus machines nous plonge dans une ambiance baba hippie complète. Refrain : « Dans les blés, dans les blés, dans les blés, etc. » Ridicule mais pas plus qu’un certain morceau de Faust en français sur Faust tapes ou n’importe quelle réédition Spalaax. Si Juan Trip avait enregistré ce disque en 1972 avec les membres de Can, il serait considéré comme un classique aujourd’hui. Fly to the moon est magnifique : entre Plone (pour le vocoder), les Pretty Things ou Barrett (pour le chant et l’orgue) et Mouse on Mars pour la rythmique. Rare. Picture this kind of her smile convainc moins ou autant qu’un intermède. Un peu d’humour avec le duo piano / guitare Shadows, petit boogie qui fait s’entrechoquer Link Wray et les Happy Mondays. Waiting for the train voit notre petit Français relire ses classiques anglais 60’s, ici les Kinks, un peu sombres. Parfait. Downward rush of the strand repart dans des ambiances musiques de film, voire rock planant 70’s. Beau et lyrique comme la B.O. de More. Lady penelope, plus contemporain, très anglais, séduit par ses arrangements pop noyés dans du vent et de la réverb’. Choose a lover real est une ballade pop réussie et psyché mais pas plus originale que ça. Enfin, le disque se termine avec Demon out, longue divagation free rock. Bordélique et émouvant.

Balmy under the stormy est un disque libre et original, parfois maladroit, mais doté d’une personnalité unique, ce qui est plutôt rare. Juan Trip n’est pas un jeune Dj inculte à la mode et ça fait du bien. Pour faire un compliment, on pourrait dire qu’il s’agit d’un disque OVNI, qui a bien entendu les messages envoyés en leur temps par Grateful Dead, Pink Floyd ou Hawkwind. Offrez-vous le trip.