Jérôme Minière est peu connu du grand public. Normal, me direz-vous, ce n’est que son second album. Oui, mais un double album, un disque « avec paroles », l’autre instrumental de bout en bout. La nuit éclaire le jour qui suit est le bilan de ce que Minière a appris à faire aux commandes d’un sampler. Une collection de chansons neurasthéniques faisant sans cesse écho aux angoisses dont Minière lui-même se dit affublé.
Bien sûr, il y a, sur les 26 titres au total, quelques longueurs, des redites, des essais un peu inaboutis, mais aussi des piécettes qui, étrangement, et au-delà même de leur qualité intrinsèque, mettent à jour chez l’auditeur certains souvenirs oubliés, parfois des fantasmes. La peau lisse -mais pas douce-, Ton fantôme, La voisine du monsieur veuf ou s’il ne perd pas, il s’ennuie s’en font la résonance.
Le disque « sans paroles » paraîtra en comparaison un peu plus aride, mais il ne recèle pas moins de pépites comme enfouies dans une vase très douce. Il laisse la part belle aux ambiances, qui sont l’une des grandes obsessions de Jérôme Minière. Le Sphinx et ses sonorités sobrement orientales, Le téméraire : le traitement « en ambiances » permet à Minière de s’attaquer non seulement aux objets, aux personnes physiques, mais également aux comportements, aux idées, aux concepts. Le mot est lâché, La nuit éclaire le jour qui suit serait un concept-album (il l’avoue du bout des lèvres). On laissera aux grands esprits le soin de disserter, pour se replonger dans les enluminures en papier de verre de ce bonhomme en grand devenir.