Le terme « New Acoustic Mouvement », inventé par la presse anglaise pour définir une soi-disant tendance musicale faite de bois et de cordes, n’aura vécu qu’une saison, celle de l’automne-hiver 2001, avec son défilé de promesses qu’il reste à tenir. Il est probable que I Am Kloot, avec son premier album chez We Love You, marquera suffisamment les esprits pour perdurer un peu, avant la « nouvelle révélation » ou le buzz de plus qui relancera notre attention de somnambules consommateurs. Dommage qu’un groupe aussi méritant soit aujourd’hui jugé à l’aune du foin qu’on a fait autour de lui, sur la foi de quelques prestations live. On est fatalement déçu, car nos attentes sont démesurées du fait des grands coups d’effets d’annonce. On ressent finalement plus d’excitation à désirer le disque qu’à le posséder et l’écouter, ce qui constitue ici une victoire complète du marketing sur la création.

Ainsi, on attendait avec gourmandise la série annoncée de tubes british pop et bucoliques, une succession inspirée et inespérée de There she goes (The La’s) ou de Village green (The Kinks). En vérité, des chansons agréables, au son propre et lisse comme une peau de caisse claire, mais qui ne frôleront jamais l’envergure des classiques précités. Juste un habile artisanat pop-folk jazzifiant, aux mélodies attachantes et aux textes intelligents. Sans plus.

Bien sûr, l’influence de l’axe Liverpool-Manchester se fait sentir agréablement, un certain classicisme dans les compositions, un accent cockney, une science de l’arpège mélodieux, des refrains bien troussés, tout ça rend l’écoute de Natural history plaisante, et les histoires désenchantées de John Bramwell portent à la sympathie. Cependant, certains morceaux ressemblent vraiment à du remplissage (l’instrumental Loch), et les structures des morceaux sont admirablement téléphonées (on sait quand le refrain va arriver, on attend le coup de cymbale à point nommé), comme dédiées à une certaine tradition de la folk-song ici usée jusqu’au boyau.
Resteront quelques trouvailles venues rompre la monotonie (les chœurs très Ray Davis sur Dark star, la mélodie Zombies de Sunlight hits the snow), l’ensemble relevant de l’accumulation de références de bon goût, le meilleur des sixties anglaises mélodieuses, le meilleur du folk US mélancolique, enrobée dans une production qui fait la part belle au délicates nuances percussives de Andy Hargreaves. On est donc à la fois charmé, et ennuyé. Après deux écoutes, on ne voit pas trop l’intérêt de remettre le disque sur la platine.

Apportons toutefois un bémol à cette critique en précisant que l’accumulation de disques écoutés et chroniqués par le journaliste n’aide sans doute pas à l’indulgence devant une musique aussi référencée. Le défaut d’originalité en devient vite rédhibitoire. Ce disque devrait plaire à ceux qui aiment le classicisme folk et le songwriting efficace. Les autres attendront autre chose.