Oh les filles, Oh les filles ! Vous me rendrez fou… de vous ! Il y a des périodes comme ça où le sexe dit faible (nous n’en croyons d’ailleurs pas un mot) nous apporte la preuve de sa force de création. Rappelez-vous de Echobelly, Elastica, Throwing Muses éclaté en Belly et Christin Hersh et surtout de Veruca Salt (son côté rock puissant) il y a de cela trois ou quatre ans. Et il y avait aussi dans le lot Bjork, Tori Amos, Fiona Apple (non loin de ce Paper cup et son piano aérien) et Heather Nova qui nous revient aujourd’hui par le truchement de son nouvel opus, Siren.

Un disque d’une rare maîtrise dans la composition avec alternance de très bons rocks purs et durs (les deux premiers titres, un I’m the girl rappelant The Front) et de ballades langoureuses à souhait (What a feeling peu éloignée du Jealous guy de Lennon, le père, et le tiercé Wildscreen, Paper cup, Avalanche). La petite a bien grandi et le succès de Oyster avec son tubeWalk this world ne lui a pas tourné la tête. Elle s’est enfermé après deux ans de tournée dans une bicoque des îles Bermudes et a attendu que l’inspiration lui revienne, ce qui n’a pas tardé. On l’entend notamment sur Heart and shoulder, un rock lyrique avec des guitares à la House Of Love et une voix façon Maria McKee (avec l’Hammond de Wildscreen), mâtinée de Dolores 0’Riordan et du sexy de Sheryl Crow à laquelle nous renvoie aussiWinter blue et I’m alive et leurs beaux violons. Beau mélange tout de même.

Surtout, la quasi totalité des chansons du disque parlent d’amour avec une acuité du regard très perçante. L’amour est souvent présent mais pas comme on l’aurait attendu car les relations humaines ne se maîtrisent pas très facilement chez Heather Nova. On ressent ce que ne ressent pas forcément l’autre. Et Heather nous conte ces difficultés de l’existence avec une terrible douceur, un faux détachement qui en dit long sur son passé d’amoureuse. D’autant qu’elle accompagne ses textes de mélodies simples et d’accords répétés qui n’en appuient que plus sur les mots importants à ses yeux (Valley of sound). She’s Not only human.

Une des autres caractéristiques marquantes de l’album, c’est la qualité incroyable de la prise de son. Sans doute enregistré live, le groupe est placé dans un spectre auditif d’une très grande et très ravissante précision qui nous permettent de capter les mots et les feulements de la belle (superbe) Heather. Un disque qui, sans être révolutionnaire, se révèle un excellent album de rock, varié comme on l’aime, à écouter partout et surtout pas seulement à recommander pour les essais chirurgicaux d’enceintes acoustiques !