Awake like sleeps de Greg Weeks évoque d’abord Pink Floyd, puis les meilleures heures de la collaboration entre Eric Matthews et Richard Davies dans le trop méconnu Cardinal : même sens de la mélodie, même art de la voix doublée, mêmes arpèges de guitare doux, des arrangements simples au service de la mélodie. Cependant, le mérite de ce troisième album (après deux sorties passées inaperçues, Fire the arms of sun et Bleecker station) ne revient qu’à son créateur, suffisamment singulier et intelligent pour qu’on retienne désormais son nom. Ces pièces miniatures, teintées de psychédélisme (les nappes répétitives, l’harmonie des couleurs et des textures, le sens des contrastes), sont une des meilleures surprises de cet hiver.

Ces chansons courtes, qui vont droit à l’essentiel sont généralement construites autour d’une mélodie de synthé ou de trois arpèges de guitares, sur lesquels la voix douce et sous mixée de Greg Weeks égrène ses comptines désabusées, laissant traîner nonchalamment sa voix, pour une torpeur hivernale et ensommeillée. Une basse profonde se pose en rebonds au ralenti sur Made, le deuxième titre, qui, avec ses nappes à la Sébastien Tellier (donc Pink Floyd) et son petit gimmick ponctuel de Korg, est une merveille de simplicité. L’adage Less is more s’applique parfaitement à la musique de Greg Weeks, pourtant pas paupériste ni gringalette, mais simplement gonflée de mélodies lancinantes et captivantes, qui tiennent magnifiquement debout. A cela s’ajoutent des instrumentaux sentis, des textes introspectifs, et des inserts délicats : sur East 5th street, un trio de violons vient finir en douceur la chanson ; sur The One true song, c’est une flûte qui traverse le morceau ; un piano intempestif débarque sur le refrain de I will fall to meet her

Awake like sleep est une ode psyché-folk au sommeil et à la lente perte des sens. La voix indistincte et ténue nous accompagne dans ses berceuses lysergiques, nous guide dans une forêt, puis nous y perd définitivement. Greg Weeks explique : « Je voudrais penser ce nouveau disque comme un travail de folk et de rock psychédélique, pour ma part, il me semble être un exemple de ce à quoi la musique gothique doit ressembler ». Si tous les goths pouvaient écouter Greg Weeks, le monde serait moins triste…