Au programme aujourd’hui, un retour d’un jeu ancien mais toujours drôle : le jeu des influences. Et là, accrochez-vous parce que c’est pas aussi facile qu’avec ces rigolos de Lenny Kravitz ou autre Oasis ! Gomez gagne déjà haut la main au mélange des historiques inspirations. Certes, cette musique peut vous exaspérer et à la première écoute, vous ne manquerez pas de crier au copieur, mais non, ce n’est pas du musicopiage auquel se colle ce groupe de cinq Anglais -du nord liverpuldien- de vingt-deux ans de moyenne d’âge, mais bien à la réécriture de plus de trente ans de musique pop mâtinée de soul des seventies (la voix de Ben Ottewell). Alors, on commence ?

Quelques touches de Grateful Dead annonce les cinq premières notes de Come together avec la voix de Dr John ou Tom Waits, au choix. Une rythmique tribale accompagne une guitare wha wha sortie des âges les plus reculés. Et tout ça rien que pour le premier titre, Get Miles. Une acoustique guitare se met à vibrer entre Beatles pour les suites d’accords et Beck pour le son crade/dépouillé avant le synthé proche de Edwyn Collins et digne de Gotainer ! Make no sound naît à nos oreilles et c’est déjà un classique violoncellé qui vous ravit les tympans à l’instar de Friend is a four letter word de Cake. Retour des sons empruntés à Beck (lui-même un large mélange d’inspirations diverses) sur le single 78 stone wobble. Une introduction de bruits blancs à la Adult Fantasies pour un morceau Pink Floydien période Syd Barret, Tijuana lady. Here comes the breeze nous renvoie au Jefferson Airplane qui se serait acoquiné avec un Donovan Noir et un G. Love de bastringue. Une guitare virtuose nous attire les esgourdes sur Love is !better than a warm trombone très swamp dans sa facture. George Harrison ne doit pas être absent de la liste, certes modernisé par Cake et Soul Coughing sur Get myself arrested. Sur Free to run, l’extraordinaire voix de Ben Ottewell fait encore des merveilles pour un garçon d’une vingtaine d’années, comme si Tim Buckley avait cassé ses cordes vocales mais pas son orchestre de Look at the fool, un de ses plus beaux albums. Bel hommage au père de Jeff. Bubble gum years est une belle balade, douce et calme avant le déferlement Hendrix/rock steady de Rie’s wagon qui clôt l’album.

Une dernière impression appréciable, c’est que Gomez prend le temps d’installer ses morceaux sur quelques minutes de manière à laisser l’auditeur s’imprégner des amalgames de sonorités qui ne passent alors plus pour un simple exercice de style mais bien pour une réinterprétation de la musique pop de ces trois dernières décennies. Après ça, essayez donc de classer Gomez dans un rayonnage de votre discothèque ! Bonne chance… Sinon, créez le rayon Gomez !