Avec sa pochette kitschounette digne de la pire variétoche et son titre pantouflard, Freddy Fresh (ses parents l’appellent Freddy Schmid) n’a pas cherché à s’attirer les faveurs des branchés. Ce roi des manettes, DJ, livreur de pizzas, collectionneur de synthés analogues et père de trois enfants (son fils aîné a suivi ses traces avant de découvrir les filles…) a commis une bonne centaine de singles en tant que producteur et quelques rondelles sous divers pseudonymes, parus sur les nombreux labels qu’il a montés.
Avec ce Family man, Monsieur Fresh extériorise son furieux penchant pour le hip hop old school. L’auditeur attentif aura détecté des samples datant d’une époque où les années quatre-vingt étaient encore jeunes, fraîches et porteuses de promesses. Celles, entre autres, de Grandmaster Flash, dont le Message a changé la face de la scène musicale du moment et influencé des générations d’apprentis rimeurs.
Le grand maître en personne est venu donner de la voix sur Flashback, un funk scratché pas franchement révolutionnaire, mais qui se danse volontiers. Comme s’il voulait balayer ici le spectre de la musique à bouger, résumant son histoire à une paire de noms symboliques, Freddy a aussi enrôlé son ami pape des platines le plus chaud du moment, Fatboy Cook ou Norman Slim, au choix. Leur duo, Badder badder schwing, figure parmi les morceaux les plus irrésistibles du disque, filant, en quatre minutes, dans toutes les directions possibles : techno répétitive, big beat, bribes de pop sixties, le tout assaisonné de boucles, d’échos et d’indispensables « yeah », sans lesquels cette concoction perdrait de sa saveur. Et s’il y a laissé sa touche, le Fatboy n’a pas détourné à son profit la chanson de Freddy. L’association des deux allumés donne un résultat qui évoque Austin Powers s’essayant au sampling et à la musique de synthèse. Enfin, The Last true… regorge d’échantillons vocaux et musicaux frôlant souvent l’absurdité ou le comique, qui déguisent parfois des arguments trop minces pour que l’album soit une totale réussite. On ne s’ennuie pas cependant en compagnie de Freddy Fresh, surtout si l’on avait précédemment succombé au charme rétro-old school de DeeJay Punk-Roc.