Fantômas est une sorte de « super-groupe » composé de Mike Patton et Trevor Dunn (Faith No More, Mr Bungle), de Buzz Osborne (alias King Buzzo, des Melvins) et de Dave Lombardo (ex-batteur de Slayer). Avant ce premier album, sorti sur Ipecac (le propre label de Patton, nommé d’après la plante qui fait vomir -et sur lequel devrait sortir la prochaine trilogie (!) des Melvins ainsi que Maldoror, collaboration entre Merzbow et Patton), on a pu découvrir Fantômas sur la compilation en hommage à Marc Bolan, sortie sur Tzadik. Bien sûr, tout le disque ressemble beaucoup à ce que faisait Patton avec les albums fous et virtuoses de Mr Bungle, mais rappelle aussi bien Naked City ou les Boredoms.
Par ailleurs, l’apport des guest stars (qui, on le sent, s’amusent bien) est essentiel. On retrouve donc au fil de ces trente morceaux sans titres, très courts (1mn à 1mn 30 maxi, sauf deux morceaux qui font respectivement 4 et 5mn) les fameux roulés de batterie de Dave Lombardo, qui règne dans le sang sur ses 32 toms minimum et sa double pédale grosse caisse (d’ailleurs son copain Igor Cavalera de Sepultura est remercié) ; les riffs de guitare pachydermiques, lourds et lents comme des éléphants ou les créatures d’André Hardellet, de King Buzzo ; et les bruits de bouche (pas de paroles, seulement des voix hurlées, crachées, tordues, criées ou susurrées) de Mike Patton, qui parodient bien souvent le genre communément appelé « métal » d’où proviennent tous les membres de cette fine équipe. Mais le disque est bien plus fin qu’on pourrait le croire : des références à l’exotica (crécelles et percussions à la Les Baxter), aux musiques de films (orgues à la Ennio Morricone), au punk de Jello Biafra et de ses Dead Kennedys, aux chants des monastères, à la musique électronique, etc. (euh, pas tellement à la pop, n’exagérons rien, ou plutôt : exagérons tout).

Bref, ce disque excellent, joué par d’excellents musiciens, est passionnant, plein d’humour (et d’humeurs changeantes), de rythmes fracassés et de guitares énormes, de couinements suraigus et de voix d’outre-tombe, d’ambiances gothiques et de frissons sensuels, de déflagrations atomiques et de mélodies subtiles… Les seuls surpris risquent d’être les fans de Slayer ou de Faith No More un peu butés. Pour les autres, vous m’avez compris et vous savez si ce disque est pour vous. Dernière chose : la pochette est magnifique (enfin du Crépax sur la pochette d’un disque de Hard !). Thank you Mr Patton !