Troisième album de Don Caballero après For respect (1994) et Don Caballero 2 (1995). Pour résumer, on pourrait dire que le premier est technique et mélodique, le second technique et metal, le troisième technique et improvisé. La formule reste la même : longs morceaux instrumentaux déstructurés ou pas, dans lesquels la guitare et la batterie se taillent la part du lion. Le tout dans un anonymat assez bien entretenu, une sobriété non dénuée d’humour (voir le titre : « In the abscence of strong evidence to the contrary, one may step out of the way of the charging bull »), une habileté consommée à tricoter des mélodies répétitives par dessus des rythmiques riches et acérées. Diplomé de la célèbre école de Chicago (toujours vivante, une oreille sur la noise, l’autre sur le jazz) et après l’aventure Storm and Stress (voir Chronic’art n° 10), Don Caballero reprend la route.

Le gros son n’est pas absent de la partie, il se fait entendre sur Delivering the groceries at 138 bpm, la batterie fait parfois penser à celle de Max Roach (sur Slice where you live like pie), mais surtout la guitare est plus ouverte, plus libre que sur les autres disques du quatuor. Curieusement, on peut parfois aussi penser à King Crimson (The world in perforated lines), mais sans la froideur de Fripp, avec une énergie punk-rock en plus. Par contre, il y a plus d’idées chez Don Caballero que chez Shellac, machine hédoniste monomaniaque d’Albini, régleur de tous les amplis de la région depuis 1982. En résumé, Don Caballero est un groupe rare et essentiel, qui prend certainement une toute autre dimension sur scène et dont chaque disque est une merveille de précision, d’intelligence et d’énergie. Celui-là ne fait pas exception à la règle. Profitons-en donc car ce qui brûle ne revient jamais.