23 ans, né à la Nouvelles Orléans, une belle technique, un son velouté emprunté, peut-être, à Chet Baker et à ses émules, un oncle versé dans le jazz (le saxophoniste Donald Harrison Jr, qu’il a accompagné en tournée et qui l’accompagne ici, en guest star, sur quatre titres) : le trompettiste Christian Scott a toutes les cartes d’une belle carrière en main et la démarre plutôt bien avec ce Rewind that placé sous le signe du groove, des rythmes binaires et des sons électriques. Batterie sèche, efficace et un poil agressive (Thomas Pridgen qui, selon l’expression de Scott, « joue costaud »), basse électrique solide (Luques Curtis), Rhodes et Wurlitzer façon « poutres apparentes » et son d’époque (Zaccai Curtis), guitare électrique souvent mise en avant (dans le mixage mais aussi dans l’architecture des morceaux : « Neuf fois sur dix, c’est la guitare qui est le point focal de mes compositions ») et pleine de punch (Matt Stevens) et saxophone ténor pour interlocuteur (Walter Smith III) : l’ambiance est au jazz-rock plus qu’au jazz, avec des thèmes qui, sans toujours éviter les longueurs, les redondances ou la banalité, possèdent pour certains une manière de mélancolie qui fait leur prix. (On apprend dans le dossier de presse que l’un a été composé après une rupture amoureuse au téléphone, l’autre en hommage à une amie d’enfance morte d’overdose, un troisième, intitulé Suicide inspiré par la maladie rare de la mère du trompettiste : tout ceci explique sans doute cela). Côté reprises, on n’échappe pas à l’hommage funky à Miles ( » So What « , traité de manière plaisante mais sans grande originalité), la deuxième étant un thème de tonton Harrison agrémenté de gadgets drum’n’bass discrets mais dispensables et achevé par un beau dialogue intergénérationnel. Tout cela fait dans l’ensemble un album honnête et sans génie, traversé de riffs efficaces (la guitare qui enchaîne rageusement sur la pêche de batterie dans Say it), de ruptures de rythme qui réveillent l’attention et de beaux solos du leader et de ses comparses. On ne criera pas au sensationnel pour ce coup d’essai plaisant mais on peut inscrire le nom de Scott dans nos tablettes des noms à suivre.