Avec Calexico, le brassage des cultures est une nouvelle fois de rigueur sur The black light -leur deuxième album après Spoke sorti en 1997-, mais pas n’importe lequel. Ici, on ne vulgarise pas, on n’opte pas pour des mélanges incertains calculés en fonction du potentiel acheteur, on s’investit à fond dans ses croyances, on brandit ses influences et ses intérêts tels des étendards. Ainsi, à l’écoute de cet album vraiment splendide, évident de maîtrise et de naturel, on pensera à Tom Waits (Sideshow, Chach) pour un certaine gouaille réaliste mâtinée de poésie rêche, aux Violent Femmes pour le goûts des instruments vrais mais inusités, à la musique mariachi et tzigane bien évidemment, aux Tindersticks en moins poseurs…

Sachant que les deux compères de Calexico (ville frontière de la Californie et du Mexique), John Convertino et Joey Burns, sont américains, il faudra plonger dans le grand sud du continent nord américain pour espérer comprendre quelque chose à cette musique moite et pourtant si fraîche, comme venue de nulle part, et si encrée dans ses références.

Ici, le bonheur est facile, il est immédiat, il ne se cache pas, il éclate sur chacune des dix-sept plages de ce Black light irradiant. Avec quelques réussites majeures, telles Missing, qui mérite de tourner en boucle sur toutes les platines (c’est d’ailleurs le cas en ce moment même). La grande force des deux de Calexico, c’est d’avoir trop de références à recycler et a proposer : du coup, impossible de les enfermer dans un cagibi, de les coincer dans un couloir musical bien étroit, ils s’échappent à chaque fois vers les plus hautes sphères du plaisir, avec leur instrumentation pléthorique mais harmonieuse, d’où toute surcharge est bannie.

The ride (pt. II), hymne aux plaines arides et aux villes fantômes, Where water flows, sieste paradisiaque à l’ombre des cactus, Minas de cobre (for better metal), fête mariachi pleine de fierté ou Stray, qui aurait très bien pu figurer dans une BO de Kusturica préparée par Goran Bregovic, viennent confirmer la splendeur de ce disque. C’est vraiment très, très fort…