Le grognard fait une nouvelle fois lever tous les vieux fans, qui jurent que Time out of mind est le meilleur album de Dylan depuis au moins : 1/ Blood on the tracks 2/ Oh mercy 3/ Bringing it all back home (ndlr : cocher la case correspondante). En une ligne, c’est plus de trente ans de carrière de Dylan qui sont cités. Suspect, tout ça. L’écoute confirme les craintes. Si le plus connu des artisans folk-rock n’en est pas tout à fait arrivé au même point de radotage que les Stones, il n’en livre pas moins un album dans lequel on cherchera en vain la moindre forme de renouvellement (on ne parlera pas d’évolution, ne soyons pas trop rude).

Oui, Dylan fait bien son job, rafraîchit quelque peu les styles qu’il revisite -folk, blues, jazz, rock, notamment par la présence, sur de nombreux titres, de guitares qui tantôt se répondent et tantôt suivent leur propre voie (Cold irons bound, Till I fell in love with you). L’harmonica, quant à lui, est mis au placard, si ce n’est sur Tryin’ to get to heaven, une lente complainte. Ailleurs, c’est la combinaison classique du style Dylan, ambiances enfumées –Million miles ou Love sick-, jazz du bayou –Can’t wait, Highlands. Les fidèles historiques y trouveront sans doute leur compte, pour les autres, il semble que le mythe ait perdu de sa superbe. Au contraire d’un Bowie qui, coûte que coûte – et parfois au prix de beaux plantages (l’expérience Tin Machine)-, aura su évoluer, la majeure partie des dinosaures du rock ne peut plus cacher son incapacité à fasciner un public d’une autre génération.