Dans l’exercice des bandes originales de film, rares sont les albums qui arrivent à sauver leur peau. Si l’on met bien sûr à part les B.O. composées par un seul musicien (Miles Davis dans Ascenseur pour l’échafaud, Joe Hisaishi pour les films de Kitano, etc.) et comportant une cohésion hors image étonnante, l’exercice se fait plus corsé quand il est l’heure de compiler, comme ici, près de quatorze artistes venus de scènes connexes mais toutefois différentes. Du girls band le plus hype -et le moins moche, avouons-le- (All Saints) aux producteurs electro branchés (Moby, Underworld, Unkle) en passant par les petits génies de la pop (Blur) sans oublier les ancêtres (Sugar Ray, New Order), on a droit en près d’une heure à un passage en revue plus ou moins cohérent des scènes anglo-américaines les plus abordables, le tout servi par un son désespérément propre et presque plat.

Ce n’est pas non plus un secret, si l’on a aimé le livre d’Alex Garland, sorte de remake pour adultes-poètes de William Golding, si l’on a aussi une passion masculine et désespérément basique et sexuelle pour Virginie Ledoyen (on aura reconnu le brave chroniqueur…), on ne peut pourtant pas ne pas s’ennuyer infiniment devant la production de Danny Boyle. Incorporée au film, la bande-son parfois trop présente fait oublier a posteriori la vacuité totale du film. Et si les désastres musicaux ne sont bizarrement pas présents dans ces quatorze titres, le pire et le meilleur s’y côtoient. On oublie déjà Dario G et son titre ennuyeusement pop, on peut skipper de même sur l’exotico-vomitif cocktail de Sugar Ray et Asian Dub Foundation ou même Blur en petite forme, on jettera même Mori Kante avec son hardfloor mix horripilant et tube de l’été, bref on aura vite fait d’oublier la moitié des titres.

Pourtant restent Barry Adamson et un titre inquiétant, Unkle, Faithless et Leftfield qui réussissent toujours dans la veine main-electro qu’on leur connaît, puis Orbital, Underworld et Moby qui signent encore des titres très mélodiques, chantés ou samplés et qui échappent au piège du pompeux. Et les All Saints dans tout ça ? Rien de bien dérangeant, sauf que cette satanée pochette CD ne contient pas leur photo, pas plus que celle de Virginie Ledoyen. Rien que pour ça, il faudrait leur oter une étoile !