On a découvert Mos Def avec Q-tip et Tash sur le single Body rock et Talib Kweli sur la compilation Lyricist Lounge. Réunis, ils forment Black Star et donnent un très bon album de hip hop aux influences jamaïcaines évidentes. Moins expérimental que Company Flow, plus direct et réaliste, le disque de Black Star est néanmoins très pointilleusement produit par DJ Hi-Tech. Les deux titres les plus intéressants sont certainement Astronomy (8th light), dans lequel ils expliquent ce qu’est l’étoile noire qui les guide et Respiration, sa guitare mélancolique et sa rythmique lourde comme le chagrin. Definition est clairement ragga (comme du BDP à l’époque de By all means necessary -1988) et Re:Definition titille le dance hall. Brown skin lady (ballade R&B) est le seul titre un peu décevant. Tout le reste est bon : Hater players, efficace, Thieves in the night et son piano de polar très noir. Le grand intérêt du disque réside aussi dans les paroles : reproduites dans le livret, elles sont aussi pertinentes que posées et lucides. La couleur du livret, les photos, le logo, tout rappelle la musique de Kingston et ses messages. Mos Def et Kweli rappent posément même si la colère n’est pas absente de leurs textes. Ce premier disque (moins surprenant que celui de Company Flow) représente peut-être quelque chose comme la relève de A Tribe Called Quest, en tous cas un disque de rap intéressant et marquant, auquel on revient, attiré par la lumière de l’étoile noire…