Sci-Fi Steven, John Disco et la délicieuse Manda Rin ont trouvé un excellent moyen de lutter contre la grisaille de Glasgow. Après une ribambelle de singles, EPs, remixes divers, et un premier album haut en couleurs (quasi fluorescentes), ils persistent dans une veine qui hérissera sans doute le poil du rocker. Et on ne parle pas du puriste de la dance, qui ne reconnaîtra pas ses petits dans ce méli-mélo de chansonnettes à dévorer comme une poignée de bonbecs chimiques. Si, lors de leur premier album, The new transistors heroes, les trois joyeux popers semblaient tout ignorer de la dépression nerveuse et des affres existentiels terrassant leurs collègues musiciens en pleine grungerie, on ne les sent à nouveau pas mûrs pour grignoter du Xanax. A eux les pistes de danse surmontées de grosses boules disco à paillettes, les rythmes trépidants, l’humour façon sales gamins farfelus, les synthés à deux balles. Cependant, si les paroles demeurent délirantes, scandées par la voix suraiguë de Manda Rin (et celles de ses compères) et semblent peu verser dans l’introspection, une écoute attentive permettra de découvrir l’ingrédient manquant chez Bis auparavant : l’ironie, le vrai second degré teinté d’une pointe de cynisme.

Ainsi, Manda Rin, ex-petite boulotte enfermée dans un corps asexué, s’offre -quelques kilos en moins plus tard- le plaisir de chanter bien fort I’m a slut. Comme l’adolescente gorgée d’hormones se découvrant une sexualité exubérante, elle n’apprécie pas la jalousie de son boyfriend, qui n’aime pas les regards gourmands récoltés par sa poupée d’amour. Les garçons, eux, méditent sur le sort de maman, ex-mannequin du temps où « les filles n’étaient pas squelettiques », refusant de vieillir, à l’instar de papa vieux hippy. Résultat, les gamins se sentent décalés et supplient leurs irresponsables géniteurs de les aider à se sentir normaux… Ce genre de petits scénarios émaille les treize titres brefs de l’album, ainsi qu’une perpétuelle référence sonore aux B52’s, dont le trio doit être les bâtards cachés… Difficile de rater aussi le gros clin d’œil adressé aux Pizzicato Five sur le très bon Theme from Tokyo. Bien sûr, on peut rester insensible au charme kitsch de Bis. Tout le monde a le droit de se tromper après tout…