Pour une fois, la pochette d’un album est à la hauteur du contenu. Ames prudes, amis de la poésie, vierges effarouchées s’abstenir : ce nouvel album d’Andre Williams ne s’adresse qu’à ceux qui salivent devant le sticker « paroles explicites » et celles qui deviennent moites à peine ont-elles entendu une voix rauque leur susurrer des polissonneries dans le lecteur de CD… Monsieur Williams -qu’on a pu admirer dans toute sa splendeur de vieux mâle obsédé, sur scène en ouverture du Jon Spencer Blues Explosion ces temps-ci- a tout de l’authentique bad motherfucker ainsi qu’il le clame sur Car with the star. A son actif, une carrière qui remonte à l’âge de pierre du rock, du r’n’b graisseux sorti sur le label de Detroit, Fortune Records (Jailbait, hymne aux mineures, Pass the biscuits, please ou Bacon fat, merveilles élevées au rang de standards par les connaisseurs), une solide expérience de producteur, métier dont il a appris les ficelles avec Berry Gordie ou Ike Turner, un peu de prison, d’excès de poudre de perlimpinpin, bref, tout ce qu’il faut pour écrire une légende. A soixante deux piges, l’infatigable Mr Rhythm, surnom mérité, pourrait se contenter de jeter en pâture une ou deux compilations en souvenir du bon vieux temps. Or, la vitalité du bonhomme semble proscrire l’idée de retraite et, avec l’insolence, la vitalité et les hormones d’un adolescent, il a forgé ce Silky, entouré d’une bande de jeunots plutôt doués. Au programme, beaucoup de surf garage, de r’n’b cochon, de la country, et une grosse dose de fraîcheur, une absence totale de sophistication, à croire que ces douze titres ont été enregistrés il y a quarante ans dans un petit studio à l’équipement bancal. Difficile de ne pas se délecter de modèles du (mauvais) genre tels que Pussy stank, Let me put in ou le franchement brut et politiquement incorrect Bring me back my car unstripped.