Alors la voici, la petite merveille découverte par Massive Attack, soit le premier disque à sortir sur leur propre label, Melankolic. Cet Alpha là ne tombe sans doute pas des Cieux, comme voudrait le laisser croire le titre de leur album, mais il y a sûrement la dedans pas mal de talent. Pour la mise en forme tout d’abord : tout est à sa place dans chaque morceau et semble avoir été travaillé à l’extrême, à l’exemple de l’étonnant Slim, certainement ce qui se fait de mieux dans ce premier essai. En dehors de ce sens inné pour l’agencement -et en particulier pour les samples, bien charpentés et diaboliquement insérés-, il y a cette production formidablement globale, qui confère à Come from heaven une remarquable homogénéité. Musique pour temps de pluie, pour les dimanche à la campagne et les nuits sans étoiles, les ambiances créées par Alpha ne se démarquent pas fondamentalement de celles de Massive Attack, Portishead et consorts. Tout juste peut-on remarquer un soupçon de légèreté en plus, ou de gravité en moins c’est selon. Pour l’auditeur, ça se traduit par des sonorités moins génératrices d’angoisse, moins poisseuses, plus libres, un peu moins agressives aussi. Mais curieusement, en dépit des qualités et caractéristiques énoncées, on ne se laisse pas vraiment aller à l’écoute de ce disque. Comme si l’alchimie distillée par chaque morceau se perdait quelque part en route, entre le sillon et le tympan. On incriminera facilement la longueur excessive de la plupart des morceaux. Oui, cet album traîne en longueur et en langueur, on lui souhaiterait volontiers, autant qu’à nos oreilles, quelques petits coups de fouet, un peu de dynamite dans les potards pour catapulter les jolies bluettes jazzy et atones que sont Somewhere not here, Rain, Nyquil ou With dans des Cieux plus en colère.