Le trio Add N To (X) s’est formé en 1994. Ann Shenton était belle, Barry Smith collectionnait les synthés analogiques et Steve Claydon faisait l’amour à des Theremines… Ils auscultaient ensemble Wendy Carlos et Pierre Henry, fabriquaient leurs rêves en écoutant Can et gesticulaient furieusement sur du Neu ! Après avoir ingurgité une foultitude de sons vintages et autres drogues synthétiques, le trio s’est mis à la recherche d’un son puis d’un label, en empruntant les voies de Suicide, Joe Meek et Bruce Haack, tout en apportant un côté théâtral très détaché à son art sonore (cf. la pochette de leur deuxième excellent album On the wire of our nerves)…

A coups de synthés analogiques et de vibrations captivantes (Total all out water et son intro à la Electronicat), le trio pulse ici à nouveau ses hymnes rétro-futuristes (les humanoïdes font l’amour à une batterie sur Lick a battery) et déplacent quelques mélodies spatiales excitantes (Total all out water…). En plaçant plus de guitares qu’à l’accoutumé, les Londoniens s’égarent un peu mais ne déçoivent pas, plongent les mains dans un bain electro-punk herculéen (Large number, All nigh Lazy…), tout en mettant en avant leurs machines énigmatiques. Moins réussi que leurs précédents opus (Avant hard, Add insult to injury), Loud like nature procure un sentiment de confusion (voire de légère déception) à la première écoute, peut-être en partie due à l’apport des intervenants extérieurs, qui viennent brouiller les pistes. On citera par exemples les contributions de Richard Hawley (guitariste de Pulp), mais aussi de J.P. Buckle (de National Bandit) ou encore du batteur Rowan Oliver (membre actif du groupe Goldfrapp). Rien de bien catastrophique, mais tout de même…

Malgré une impression de déjà-entendu (l’alliage de rock noisy vintage et de musique électronique esthétisée), les travaux d’Add N To (X) demeurent passionnants, si l’on prend la peine bien sûr de s’y attarder longuement. Opérant une robotisation de plus en plus sophistiquée, les opéras rock du trio prennent souvent à la gorge et remontent jusqu’au tympans. On s’attardera notamment sur l’hypnotisant Invasion of the polaroid people, où officie le légendaire producteur américain Kim Fowley (Kiss, The Modern Lovers, BMX Bandits) aux spoken words, et le single dansant Take me to your leader. Pour gâcher le plaisir de tout un chacun, on conseillera tout de même en premier lieu (aux plus jeunes fans des Add N) d’écouter les premières galettes de la formation Silver Apples, combo new-yorkais formé en 1967, constitué du percussionniste Danny Taylor et du déjanté Simeon… Une grosse claque.