Certains trouveront qu’il exagère, cet Ovide : sous prétexte qu’il dirige une collection chez Gallimard, doit-il y publier sans cesse des livres à sa gloire ? Ainsi paraît ces jours-ci Variations sur le libertinage de Pierre Marlière, petit essai au style un peu scolaire, largement consacré aux Amours et à l’Art d’aimer. Culotté, non ? Heureusement, Marlière maquille la chose en mettant l’œuvre d’Ovide en regard d’une autre, classique, celle-là : celle de Philippe Sollers.

On apprend ainsi des choses intéressantes sur ce dernier, par exemple que « l’auteur du Zarathoustra et celui de Femmes se rejoignent en ce qu’ils préconisent tous deux la solitude et la retraite intérieure comme curatif contre les Parasites », ou bien que « le rapprochement entre Héraclite et Sollers s’opère dans une réflexion commune sur la question du devenir biologique ». Héraclite, Sollers, ça tombe sous le sens. Vraiment, que vient faire Ovide au milieu de tels géants !

Mais Marlière insiste, il convoque Sade et Mallarmé, Barthes et Valéry, et n’hésite pas à mélanger Ovide à ces noms prestigieux. Pour lui, « Ovide et Sollers, en explorateurs libres et passionnés des chimies amoureuses, ne cessent de rappeler la nécessité du verbe dans les affaires amoureuses, du fait même de sa portée charnelle ». Une fois de plus, c’est faire beaucoup d’honneur à Ovide. Heureusement, Sollers, lui, est au-dessus de tout ça.