Itinéraire Nord-Sud. Réunion de chroniques consacrées aux ports, de la mer du Nord et de la Baltique au sud Tunisien. Des mots lancés à la tête des lecteurs, et qui se savourent encore aujourd’hui (ces articles datent des années 30). Quais de tous les départs… Partir, « le plus beau mot de la langue française » comme le disait Paul Morand, cet autre voyageur n’aimant que les instants immobiles et la lenteur. L’œuvre de Mac Orlan tiendrait dans une chanson (« Toutes les villes du monde peuvent se réaliser instantanément sur l’écran de la mémoire par l’intermédiaire d’une chanson de la rue »). Et ces bouts de papiers ciselés à la manière des grands raconteurs pour la presse de l’époque sont une invitation à prendre la mer en sa compagnie ; à chahuter le pittoresque habituellement déversé par la profession des « écrivains-voyageurs ». Car l’homme au bonnet écossais ne s’est jamais pris aussi au sérieux que ces derniers. Son art consiste à fixer, avec gaieté, ce qu’il voit, et de là, à mettre en valeur tout ce qui transporte vers l’ailleurs. Il s’y emploie souvent par le biais du « fantastique social ». Ses livres regorgent de blizzard, mais aussi de bizarre (la fréquentation de Thomas de Quincey n’y est pas étrangère).

Entre humour et mélancolie, l’aventurier Mac Orlan exerce ses dons d’observation. Le bonheur peut passer dans ces pages, comme ça, l’air de rien, puis s’évanouir aussitôt. Il l’énonçait lui-même dans l’une de ses chansons en ces termes : « puisque le bonheur n’existe pas sur cette terre, puisse l’aile de nos chimères nous emporter ailleurs ». Nul honnête homme ne songe à le contredire. Ailleurs, c’est-à-dire, par exemple, dans ce pur moment de rêverie que constitue Quais de tous les départs.