Khartoum-Paris-Méroé-Khartoum : itinéraire d’un homme, Olivier Rolin, jouant sa survie entre la France et le Soudan, ultime terre d’exil ? Quelles que soient les restrictions que l’on puisse apporter sur ce récit (sa composition, son côté sinueux, au risque de s’y perdre), il nous change des modestes ambitions de la plupart des contemporains, de leurs horizons limités au bistrot du coin. Ici, les étendues sont à perte de vue. Et Olivier Rolin sait de quoi il parle, pour les avoir longtemps arpentées. Il lui restait à décrire son état durant ces mois passés à chasser l’ennui (le narrateur est un coopérant français un tantinet désabusé, aimant les alcools forts – dont il manque dans le pays, interdiction oblige – et parlant à son perroquet de son amour perdu).
Sa lucidité n’est jamais prise en défaut. De son retour à Paris, toujours avec la même lassitude, poursuivi par le souvenir de cette femme, à sa découverte de Méroé, ville engloutie au cœur du Soudan, où seule la rencontre avec un savant déjanté à la recherche de vestiges chrétiens lui procure la sensation de renouer avec quelque chose qui s’apparente à la vie, avant de retrouver Khartoum, lieu de tous les possibles, il trimbale son incurable mélancolie. Au moins, Méroé est-il la preuve que l’on peut parfois trouver dans le passé (les réminiscences, les souvenirs) la force de continuer. Cette stratégie n’est pas pour nous déplaire.