Nancy Mitford est fabuleuse, de finesse, de drôlerie, d’acidité. Avec Highland Fling, son premier roman, publié en 1931 alors qu’elle n’a pas 30 ans, elle propose une immersion d’entre-deux guerres dans une upper class britannique en villégiature écossaise. Un régal. Au menu : conflit entre générations, parties de chasse, pique-niques ratés, amourettes béates et même un passage par les Highland Games.

L’intrigue est basique, voire inexistante. Sally et Walter Monteath, fraîchement mariés, sont conviés par une tante de Sally à tenir le château de Dalloch Castle le temps d’un été, avec les traditionnelles parties de chasse. Le couple, en mal d’argent, accepte – savoureuse rencontre entre les Monteath et les Craigdalloch à la Chambre des Lords. Direction l’Ecosse, donc, où se retrouvent dans une hideuse bâtisse, outre les Monteath, leur insupportable ami peintre Albert Gates, collectionneur d’objets victoriens en tous genres, la célibataire et éternelle amoureuse Jane Dacre (qui repartira fiancée au précédent), et les « adultes », Lords, Ladies, Général, plus un Amiral pour faire bonne mesure, tous fabuleusement ennuyeux.  Entre jeunesse dorée et vieille garde, difficile de trouver un terrain d’entente, même dans les légendes écossaises. Il pleut beaucoup et le temps est particulièrement long – un incendie vient quand même égayer l’ensemble.

Entre intrigue sentimentalo romanesque et conflit entre générations, Highland Fling permet avant tout de plonger dans une galerie de portraits plus vrais que nature – toute ressemblance avec des personnages existants étant parfaitement assumée par l’auteur. Au-delà, le caustique et le cocasse qui feront sa marque de fabrique sont déjà présents, et on ne peut que saluer l’intelligence de Nancy Mitford, capable de tourner en dérision tous les aspects d’un univers dont elle maîtrise, savoure, vit tous les codes.

 

« Highland Fling » de Nancy Mitford (traduit de l’anglais par Charlotte Motley, Christian Bourgois)