Un survival de plus, mu par le même élan que ses contemporains. Wolf creek, c’est un hommage géant, un rêve aussi, celui de fusionner MTV et les années 70. Alexandre Aja aurait pu le signer, mais c’est l’australien Greg MacLean qui s’en charge. Lui aussi adore la faction crado du Nouvel Hollywood, lui aussi est jeune et cool, lui non plus n’est pas américain. En Australie toutefois, le rapport à l’espace est peu ou prou le même qu’aux States, avec une pointe de mystère qui décuple le caractère pionnier, défricheur du genre. Depuis Mad Max, peu de hits ont exploité la rocaille du bush. Voyons donc.

Une bande de jeunes surfeurs visitent le site touristique de Wolf creek, un cratère formé par une météorite en plein désert. A la tombée de la nuit, leur voiture tombe en rade. Un pèquenaud rigolard leur propose de l’aide et les zigouille un à un dans une décharge immense. Postulat classique que ne manque pas de vitaliser le jeune cinéaste, prêt à prendre le genre à bras le corps. C’est la plus grande force du film : aller au charbon sans détour, traquer l’horreur de plain-pied avec la dévotion d’un disciple, mais aussi sa plus grande faiblesse. Il y a ici un petit côté fayot, premier de la classe section survival, bref, une fan attitude qui marque le respect et impose la sympathie (le fameux côté gentil de ce type de cinéastes) mais qui a tendance à voiler le but premier du film, soit faire peur par tous les moyens.

Ici le respect du cahier des charges donne plutôt le sentiment d’un fil d’Ariane plutôt que d’un réel terrain de jeu. Du coup, la frustration est prégnante. D’une part, en tant que spectateur, frustration de ne pas retrouver la saveur exacte du genre dans sa substantifique mœlle ; de l’autre, pour MacLean, frustration de délaisser son statut de cinéaste pour celui de faiseur, l’exacte contraire de ce qu’était Hooper ou Craven il y a trente ans, ouvertement pervers et affranchis de toutes règles morales. C’est d’autant plus flagrant que Wolf creek avait justement tout pour se démarquer : pas d’ombre tutélaire qu’impose le remake, pas d’espace commun, juste un prétexte à mettre en scène avec un maximum de liberté. D’ailleurs, le prologue suffit à appâter le spectateur : au paysage lunaire envoûtant du cratère, à la bruine qui en recouvre chaque pierre, le survival prouve qu’un seul élément peut le régénérer. Hélas, même avec toute la bonne volonté du monde, un esclave autoproclamé n’y parviendra jamais dans la durée.