On reprend le(s) même(s) et on recommence. Fort satisfait de sa collaboration avec Will Smith, Barry Sonnenfeld avait hâte de travailler à nouveau avec lui. Mais non content d’utiliser le même acteur, il reprend également les recettes éprouvées de son précédent film, Men in black, qui en parlant de recettes, en avait rapporté pas mal. On retrouve donc un duo dont le comique réside dans la structure immuable des tempéraments opposés ; l’un (Artemus Gordon -Kevin Kline) est cérébral, plutôt raffiné, l’autre (James West -Will Smith) est tout en muscles et ne croit qu’aux vertus de l’action immédiate. Nous avons droit, en quelque sorte, à un James Bond bicéphale. La référence à l’agent secret 007 n’est pas gratuite car Wild Wild West n’est autre que la version cinématographique des Mystères de l’Ouest, série télévisée des années 60 qui sût marier avec un certain charme l’ambiance western et l’univers fantaisiste empli de gadgets du héros de Ian Fleming.

Will Smith nous sert, pour changer, son numéro de déconneur numéro un, enchaîne les calembours à la vitesse grand V, les gadgets sont légion et rivalisent d’ingéniosité, les scènes d’action chronométrées à la seconde près, bref un produit de divertissement parfaitement calibré d’un bout de la chaîne à l’autre. Pourquoi changer quand ça marche ? Même la touche politiquement incorrect, à travers les quelques blagues qui ont pour cible les noirs et les handicapés, paraît trop calculée pour être vraie. Comme un petit rouage imparfait dans une machine bien huilée pour faire du fric, juste de quoi la faire gripper légèrement, mais certainement pas dérailler.

Vous l’aurez compris, excepté le changement de cadre, Wild Wild West ne se différencie pas réellement du précédent film du réalisateur. A part ça, que se passe-t-il dans Wild Wild West ? A vrai dire pas grand chose : nos deux agents doivent combattre le très méchant Dr Loveless (Kenneth Branagh), ancien officier de la guerre de Sécession qui s’est mis en tête de prendre le pouvoir aux Etats-Unis. Mince trame scénaristique qui n’est que prétexte au cabotinage de nos héros. Will Smith et Kenneth Branagh se disputent âprement la catégorie poids lourd, mais il faut avouer que Branagh en demeure le champion incontesté et qu’il remporte la victoire de quelques foulées (malgré ses deux jambes en moins). Salma Hayek ne pouvant être qu’une outsider vu le rôle de potiche qu’on a daigné lui offrir (même Annie Pujol n’en aurait pas voulu). Demeure le clou du film, l’apparition d’une tarentule géante de plus de 25 mètres, tout droit sortie de L’Empire contre-attaque. Car non content de reprendre la série, Barry Sonnenfeld a voulu y ajouter un côté spectaculaire sans lequel aucun divertissement qui se respecte ne pourrait exister. En plus d’être agaçant, le film devient ridicule et montre sa vraie nature, un collage maladroit et aucunement inspiré des différents succès cinématographiques des ces vingt dernières années.
Après tout, l’art n’est qu’un recyclage permanent. Mais recycler ne veut pas dire copier, et lorsqu’on se recycle soi-même cela s’appelle tout simplement du radotage.