Comment faire quand on est noir pour réussir à Hollywood ? Il est évident que cette question doit tarauder bon nombre de jeunes acteurs blacks de la Babylone cinématographique. Jusqu’à présent ces derniers ne pouvaient espérer que les seconds rôles obligatoires aux quotas en vigueur (qui existent tacitement si ce n’est sur le papier).

Peu d’acteurs noirs ont pu vraiment accéder au statut tant désiré de star dans le système hollywoodien actuel, ceux-là, on les connaît tous : Denzel Washington, Wesley Snipes et récemment Samuel L. Jackon. Vous en conviendrez, cela fait peu. C’est en ceci que le rôle tenu par Keenen Ivory Wayans est intéressant, car si ce dernier a bien commencé en tant que sempiternel faire-valoir du héros blanc (et non des moindres, à savoir l’impassible Steven Seagle), il n’a néanmoins pas décidé de continuer dans cette voie. Aide-toi et le ciel t’aidera comme dirait le proverbe. C’est ainsi que KIW a décidé d’écrire, de jouer et de produire ce film, véritable coup d’état à la hiérarchie hollywoodienne. KIW pousse tout le monde pour essayer de se faire une place au soleil aux cotés de Jon Voight, Paul Sorvino et l’inénarrable Eric Roberts, habitués de l’ombre.

Si cette initiative ne peut être que louée ce n’est pas le cas du film en lui-même qui, loin de bénéficier de l’ambition de son auteur, sombre rapidement dans la masse putride et compacte du cinéma d’action américain, comme le prouve le trio pré cité provoquant une hilarité bien involontaire chez le spectateur.

Prévisible en tous points, Wanted n’est qu’une resucée maladroite du Fugitif à grande échelle, notre héros étant suspecté d’avoir liquidé la femme du président. Courses poursuites et altercations avec une bande de mercenaires mal intentionnés s’enchaînent à un rythme soporifique. Reste un unique moment de bravoure ou notre héros est poursuivi par une foule en délire, appâtée par la récompense promise pour sa capture, la-dite poursuite se terminant sur un tronçon d’autoroute.

On remarquera également certains plans militants montrant un commissariat ou tous les prisonniers sont noirs. Malheureusement, KIW ne va pas plus loin que le clin d’œil alors que cette position aurait pu être intéressante dans le contexte du genre. Ainsi, Wanted n’arrive pas à sortir du lot et rejoint sans difficulté les plus mauvaises productions du genre par son manque d’originalité la plus complète et son flagrant manque de rythme.