Auteur du très mémorable Sexes faibles en 1992 (petit délire plutôt plat où l’on pouvait entre autres plaisirs entendre siffler Valérie Lemercier pendant l’amour) et du médiocre L’Oeil au beur(re) noir en 1988 avec Smaïn et Pascal Légitimus, Serge Meynard partage sa carrière entre cinéma (Voyous voyelles est son troisième film) et télévision (pour laquelle il est nettement plus prolifique avec notamment une dizaine de téléfilms à son actif). De cette bipolarisation naît un style qui à l’évidence ne s’embarrasse pas de questions théoriques et encore moins esthétiques. Formatée au petit écran, puis transposée à la grande lucarne, la méthode de Serge Meynard (car à ce niveau l’on peut bien parler de méthode) ne varie point et témoigne d’un très préjudiciable manque d’ambition dans l’abord des images.

Voyous voyelles est en effet une comédie sympathique qui aurait pu faire les beaux jours d’une grille de programmation d’une chaîne publique lors de soirées « fiction » (si tant est que l’on se résigne à refuser à la télévision la possibilité d’outrepasser la morne mise en images de ses téléfilms). Plutôt sympathique, un rien démago, l’histoire de Voyous voyelles raconte la rencontre entre trois jeunes filles issues de milieux différents. Anne-Sophie, jeune Versaillaise incarnée par la sémillante Audrey Tautou, débarque dans une banlieue plutôt « craignos » pour suivre son amant plus âgé qui l’a laissé tomber. Elle rencontre Léa et sa sœur qui vivent de combines (la plus jeune séduit des hommes mûrs pour qu’ensuite la grande débarque code de loi à la main et leur fasse du chantage). Serge Meynard peine à créer une fiction à partir de ces éléments et la réunion entre les trois filles découle tout droit d’un alibi scénaristique foireux : Anne-Sophie engage Léa et sa sœur pour se venger de son ex qu’elle fait passer pour un père violent. L’ensemble du film repose sur un étalage du même acabit constitué de situations bricolées, souvent peu crédibles et jamais bien méchantes. La violence en banlieue laisse ainsi place à un système débrouille dans lequel tout le monde trouve son compte, raccourci bien simplificateur ! Voyous voyelles ne se met jamais en danger (mais le scénario du film exclut dès l’origine toute prise de risque) et préfère ordonner sagement une chronique bon enfant. Restent pour nous consoler quelque peu l’interprétation des acteurs et certaines répliques savoureuses qui nous sauvent parfois de l’ennui.