Un étudiant, sérieux et hétéro, qui joue dans un groupe de rock fêtard et homo, tombe amoureux d’une « fille de », complexée, mais belle, qui le guérit de sa passion adolescente pour une garce vulgaire. Le film se déroule dans des extérieurs « réels » (New York), en une nuit (fabriquée de toutes pièces).

« En regardant le film, les gens se diront : ‘Moi aussi, j’ai vécu ça’. (…) Dans ce genre d’histoire, le secret est de créer des personnages avec qui les spectateurs peuvent nouer des liens. Cela leur permet de se projeter plus facilement et d’avoir le sentiment de vivre eux-mêmes l’histoire. Si un personnage vous ressemble dans une scène, ou s’il se retrouve dans une situation que vous pouvez comprendre, les choses deviennent tout de suite plus amusantes et personnelles (…) », explique Peter Sollett, le réalisateur. Autrement dit, si à l’écran un personnage ne me ressemble pas, je ne m’amuserai pas et je ne me sentirai pas concerné. Cette conception de l’universalité est un peu restrictive. Le film a été conçu pour que tout le monde ressemble à tout le monde et que chacun ne soit donc personne. Même la « fille de » (fille d’un producteur musical supposément propriétaire du studio mythique « Electric Ladyland » où enregistrèrent Hendrix ou Bowie) partage avec Mr tout le monde les affres du manque de confiance en soi. Et Michael Cera, vu dans Supergrave et Juno, admiré pour son underacting – comme Gary Cooper salué par Luc Moullet dans Politique des acteurs, ou Fred McMurray (même si ceux-là sont plus grands, plus sportifs, plus mûrs) – se balade dans le film sans rien faire, apparemment. C’est sa marque de fabrique, c’est pour cela qu’il est bien, et qu’il aurait peut-être pu être la pierre de touche du film, s’il avait été manigancé par un autre.

Ici personnages, acteurs, durées, séquences, décors, tout est écrêté : faire qu’on s’y retrouve, c’est faire de tout un chacun un véhicule de coolitude. C’est mou et c’est mièvre. Jay Baruchel (vu récemment dans Tonnerre sous les tropiques) « raconte » : « Le scénario du film est le plus cool que j’ai jamais lu. Pour moi, faire ce film était un peu comme m’asseoir à la cafétéria avec les types les plus cool du lycée ». Peter Sollett, réalisateur, vante la coolitude comme un publicitaire et livre un produit puant tant il veut ramener ses protagonistes aux gens du commun. Une Nuit à New York est un film de privilégiés qui n’a rien d’aristocratique. New York échappe et la nuit en question est un non-lieu. Un peu moins cool (et évidemment secondaires) : deux méchants caricaturaux (la garce, le profiteur) et « la » marginale (la copine bourrée). Peter Sollett n’a sans doute pas pensé une seconde à intervertir le casting, et donner à celle qui joue la garce (une petite blonde trop américaine) le rôle de la « fille de » (jouée par une beauté pure). Cela ne rentrait évidemment pas dans la stratégie du miroir.

Ceux qui n’ont pas aimé Juno (produit Columbia tendance anti-folk) n’aimeront pas Une Nuit à New York (produit Columbia tendance indie rock). Toutes les citations sont tirées du dossier de presse.