Pas de chance pour le cinéma de genre cette semaine : aux côtés d’Identity, la petite crotte post-moderne de James Mangold, Underworld, un bon vieux film de SF « tradition ». Chacun dans leur registre, les deux films font peine à voir. Underworld, donc : dans une société futuriste, le royaume ancestral des vampires s’oppose à celui des loups-garous. Les humains, tiraillés, doivent choisir leur camp. Le mythe et la légende comme piliers de résistance à l’inflation du virtuel et de la boursouflure numérique : l’idée en soi est passionnante, et le mélange des univers (Matrix contre la Hammer), prometteur. Les arguments du film, malheureusement, ne tiennent la route que quelques secondes.

La pause gothique (tendance The Crow) le dispute à un futurisme de pacotille. Les acteurs, tous extrêmement mauvais, peinent à jouer sur le registre de la nuance ou d’un ludisme intermédiaire, seuls capables dans ce genre de cas à éviter la catastrophe. Sérieux et raidis dans leurs costumes moulants, ils déblatèrent des alexandrins métaphysiques avec une insondable gravité. Quant à la mise en scène, illisible, à la photo tout en gris vert glauque et aux décors, qu’on jurerait en plastique, ils évoquent les pires fumisteries de Fred Olen Ray, sur un versant plus tourmenté. Ennuyeux de bout en bout, même pas kitsch, Underworld est de ces films glauques et ridicules qui feraient passer un Resurection (le remake miteux de Seven par Russell Mulcahy) pour un grand film existentiel sur la fin des civilisations.

On ne peut pas reprocher à Wen Liseman son manque de rigueur, tant se lisent dans chaque scène les suées de labeur et le désir de bien faire. Le malheur du film, au fond, vient beaucoup moins de ses défauts plastiques que de cet indécrottable esprit de sérieux qui le mine. Lorsqu’il vire au mélodrame -Selene la vampire tombe amoureuse de Michael, qui se révèle appartenir aux deux mondes à la fois-, Underworld révèle une tendance à la mégalomanie totalement délirante (la fin aux allures de duel mythique, qui se résume à un affrontement flapi de catcheurs huilés). Voici donc venu Underworld, production « Pif gadget » s’imaginant la panacée de la SF hi-tech, gros traquenard se rêvant en fantaisie terminale de gamer : une arnaque pathétique.