L’humour russe aurait-il du mal à s’exporter ? On serait tenté de répondre par l’affirmative après avoir vu Un Ciel parsemé de diamants. En effet, le nouveau film de Vassili Pitchoul, qui a l’ambition d’être une énorme farce fondée sur une « réflexion sombre mais humoristique sur la création artistique », ne suscite malheureusement aucun sourire, ni même demi-sourire.

Pendant près de deux heures, des situations rocambolesques vont s’enchaîner sur un rythme trépidant sans autre but que de créer un joyeux foutoir insipide. On suit ainsi les aventures de Anton Tchekov, orphelin découvert dans une boîte en carton le jour du centième anniversaire du célèbre écrivain russe, devenu un truand romancier qui n’hésite pas à abattre les éditeurs récalcitrants. De femme en femme, de péripétie en péripétie, la vie d’Anton brille d’un éclat romanesque. Le film se place donc dans le registre de l’exagération, de l’improbabilité, de l’épate, ce dont témoignent ses décors surréalistes et les superbes créatures subjuguées par le héros. Ce qui aurait pu donner lieu à un sommet de l’absurde, un délire sur les rapports entre un romancier et l’univers qu’il crée, n’aboutit ici qu’à une série de situations lourdingues, à l’humour souvent gras et rebattu. Un Ciel parsemé de diamants cultive l’autodestruction jusqu’à son plein effet. Chaque scène, personnage ou thématique est mise à mal par le traitement de Vassili Pitchoul, qui s’acharne à détruire la moindre parcelle d’ambition de son film par une distanciation parodique souvent maladroite. Dispersée et chaotique, la mise en scène souffre constamment de l’effet « pétard mouillé » de situations qui n’aboutissent qu’au vide.
On se demande alors où se trouve « la réflexion sur la création artistique » promise dans les intentions du cinéaste. Noyée dans la Volga ou dans la Vodka ?