Un 32 août sur terre, parce qu’après le 31 c’est une nouvelle vie qui commence pour Simone (Pascale Bussières). Le temps de quelques journées à part, le calendrier épouse donc la destinée de la jeune fille. Tout commence en fait par un accident de voiture dont Simone sort miraculeusement intacte mais qui lui fait prendre conscience de la fragilité de son existence. Par conséquent, elle décide de rompre avec son boulot de mannequin avant de demander à Philippe (Alexis Martin), son meilleur ami, de lui faire un enfant. Secrètement amoureux de Simone, celui-ci émet une condition à la requête : que le rejeton soit conçu dans un désert. Comme on s’en doute, le voyage sera riche en péripéties…

Pour son premier long métrage, Denis Villeneuve cherche avant tout à inventer un couple ; un couple de cinéma assez fort pour occuper seul (ou presque) l’écran pendant un peu plus d’une heure trente. Un homme et une femme que tout rapproche mais qui fuient leurs sentiments pour mieux s’inventer une parenthèse décalée et burlesque par le biais d’un périple en terre étrangère (Salt Lake City, son désert glacé, ses autoroutes hostiles, ses chambres d’hôtel futuristes). Ce pari somme toute peu révolutionnaire, le cinéaste peine à le tenir jusqu’au bout. Trop peu entreprenant, Villeneuve construit son récit avec une nonchalance assumée, laissant sans cesse ses personnages dans l’expectative d’un baiser ou d’un coït, d’une révolte ou d’un aveu ; bref, d’une décision. Le flou psychologique dans lequel baigne notre duo de paumés finit par contaminer le cinéaste lui-même, qui, au bout d’une demi-heure assez agréable (principalement grâce au charme de Pascale Bussières, déjà vue dans When night is falling de Patricia Rozéma), ne semble plus à même de trouver pour son film une voie appropriée. Entre comédie alerte et opus dépressif, Villeneuve hésite sans trouver d’axe médian, de tonalité douce-amère. Alors, le spectateur s’ennuie, se détachant lentement mais sûrement de ce couple velléitaire. Et lorsque Simone se résout enfin à prendre les choses en main, Un 32 août sur terre s’achève, comme si son réalisateur s’avouait incapable de donner corps et images à ses propres désirs de fiction.