Ugly est un film bizarre, c’est là sa plus louable qualité mais aussi son principal défaut. La manière dont le réalisateur traite le sujet -l’analyse d’un serial killer par une psy réputée- ne manque pas de surprendre. Si l’on entre assez communément dans la vie du criminel par une succession de flash-back, on retrouve dans ceux-ci des éléments insolites appartenant au présent. De grandes idées de mise en scène ponctuent le film. Le réalisateur, on le sent, possède un sens accru de la topologie. L’univers représenté est d’une esthétique assez surprenante, l’image est de teinte gris- bleue, très léchée, et l’ambiance est d’un bizarre dont on peut se délecter. Personne ne réside dans l’hôpital, à part son directeur et deux gardiens (ceci dit en passant, les deux plus mauvais acteurs du monde). Le film, néo-zélandais, ne ressemble à aucun autre ; on pense vaguement à David Lynch ou à Lars Von Trier mais force est de constater que le réalisateur s’en démarque déjà.
Chef-d’œuvre potentiel ? Non hélas. Le réalisateur en a marre de l’histoire en même temps que nous et la pousse vers un déroulement bâclé. Mais le subtil mélange entre thriller et film fantastique -l’assassin est persuadé que ses victimes le poussent à tuer, son reflet dans le miroir à double face par lequel on l’épie ne renvoie de lui qu’une image déformée de son visage- pousse Ugly vers des sommets… desquels il s’empresse bien vite de redescendre. L’interprétation assez catastrophique et le caractère burlesque de certaines scènes nous empêche d’adhérer totalement à l’histoire et nous la fait voir du mauvais œil (l’œil critique ?). Mais ce film est à voir, pour remarquer que certaines personnes ont encore des idées et arrivent à renouveler un genre qui se fane bien vite. A voir et à ne pas aimer, c’est donc cela ? De toute manière, si vous aimez ce genre de cinéma là, ce n’est pas comme si c’était la première fois que vous irez voir un film par dépit.