Parce que quelques comédies-phares explosent le box-office (Le Dîner de cons ou La Vérité, si je mens !), de nombreux suiveurs espèrent ainsi décrocher le gros lot ; mais la plupart se contentent des miettes -voir notamment les récents échecs de Trafic d’influence et de L’Ame sœur de Bigard.

En attendant que ces gamelles successives parviennent à tarir ce raz-de-marée nauséabond et purement mercantile (malgré quelques films apparemment plus honnêtes, comme Le Derrière), voici le dernier produit que l’on va essayer de fourguer aux spectateurs français. Ça s’appelle Tout baigne ! (accrocheur, non, comme titre ?), le producteur en est Alain Terzian -le plus véreux de tous, à l’origine déjà des Visiteurs, qui, à côté du dernier né, est un chef-d’œuvre-, le réalisateur vient de la télé (Une nounou pas comme les autres avec Mimi Mathy) et le casting se la joue anti-stars, hormis la présence d’un François Morel plutôt penaud à l’écran. En fait, la tactique du gars Terzian, c’est de faire passer Tout baigne ! pour Le Père Noël est une ordure des années 90 : adaptation ciné d’une pièce qui a triomphé au Splendid et au Café de la Gare, bande de comédiens inconnus mais qui forment une troupe « prometteuse », répliques censées devenir cultes (« hou hou, coucou, caca » et « Vous ressemblez à Omar Sharif dans… Tiercé Magazine ? » font partie de ce florilège de haut vol).

Mais ce récit d’un groupe d’individus réunis pour le pire à cause d’une pluie diluvienne submergeant la ville accumule les flottements et les coups d’épée dans l’eau (on s’arrêtera là, c’est vraiment trop facile). Pas l’esquisse d’un sourire, et, plus grave, une tendance aux vannes faciles entre figures stéréotypées. Par exemple, le Preskovitch du Père Noël… est ici devenu un épicier arabe interprété par un certain Pascal Elbé, qui se complaît à en rajouter dans l’accent et la bêtise de son personnage, déjà chargé par le maquillage marronnasse et l’épaisse moustache de rigueur. Tout baigne ! a beau prêcher la tolérance après s’être gargarisé de quelques répliques racistes bien minables, rien n’empêche le film de couler à pic (promis, c’est la dernière). Bref, les « glorieux » aînés du Père Noël… n’ont pas de souci à se faire pour leur carrière : la relève est encore loin d’être assurée…